Le « j’assume » ou la misère de l’argumentation de quelques intellectuels français

Par Abdesselam Bougedrawi @abdesselam

LE « J’ASSUME » OU LA MISÈRE DE L’ARGUMENTATION DE QUELQUES INTELLECTUELS FRANÇAIS .

Depuis Voltaire et les philosophes des lumières la pensée de certains intellectuels français se résume en ceci : je dénigre, puis je dénigre sans rien construire. Contrairement à Voltaire, Jean-Jacques Rousseau qui était Suisse, ne se contentait pas de critiquer son époque, il l’observait, il la changeait. Quand on évoque Rousseau, on pense au contrat social. De Voltaire personne ne peut présenter, ne serait-ce qu’une infime parcelle de pensée. C’est le vide total ; dénigrer n’est pas penser. Les intellectuels qui se réclament de Voltaire sont dans la même lignée ; critiquer, dénigrer sans élaborer la moindre réflexion. C’est dans cette direction que convergent messieurs Zemmour, Onfray, et madame Élisabeth Lévy. Et bien d’autres candidats ; n’encombrons surtout pas ce texte en les nominant.

Dans un récent échange entre Madame Levy et Madame Mabrouk, il fut question de « tête d’arabe ». En résumé, la pensée de Madame Lévy est que dans certains quartiers elle ne pouvait manger sereinement au-dehors en période de ramadan sans se faire interpeller. Et d’ajouter : même si on a une tête d’arabe. Madame Lévy a tout à fait raison, toutefois « la tête d’arabe » n’a rien à faire dans cette argumentation. Dire de moi par exemple que j’ai  une tête d’arabe ne me dérange pas parce, que tout arabe a, en général, une tête d’arabe. Ce qui m’aurait gêné il y a quelques années c’est que l’on me dise, « purée t’as pas une tête d’arabe ». Ou la variante : vous parlez bien le français, ce qui sous-entend, vous avez une tête d’arabe alors que vous parlez si bien le français. Mais bon, au fil des années j’essaie de m’élever au-dessus de toutes les misères intellectuelles de ce monde. Sauf que certains me rappellent que la bassesse persiste.

L’argumentation de madame Élisabeth Levy est évocatrice de cette nouvelle bassesse propre à certains intellectuels français. C’est une argumentation qui vise un objectif bien défini. Une augmentation qui s’inscrit dans une ambiance malsaine où l’on interdit un livre d’Agatha Christie sous prétexte qu’il s’intitule les dix petits nègres. Madame Élisabeth Levy aurait-elle pu dire « tête de chinois », « d’indien », « d’asiatique », ou « de noir » ?  

Le plus grave est que Madame Lévy, ou Monsieur Zemmour finissent leur argumentation par « j’assume ». Que signifie ce « j’assume », sinon que j’ai tenu des propos graves mais je les assume. Ce qui revient à dire, j’humilie les Arabes, mais j’assume. C’est la misère de l’esprit poussée à son extrême paroxysme. Mais le plus grave est que les propos de Madame Élisabeth Lévy et de Monsieur Éric Zemmour montrent le chemin à suivre à Monsieur Michel Onfray avec son choc des civilisations. Voilà donc réunis tous les éléments pour une répétition de l’histoire sordide européenne. Et beaucoup se sont déjà engouffrés dans ce chemin. Les apprentis sorciers de la misère intellectuelle.

Je voudrais tout simplement rappeler à Éric Zemmour et à Élisabeth Lévy, que, parce que leurs parents ont vécu dans un pays où tous les arabes avaient une tête d’arabe qu’ils existent et qu’ils peuvent mépriser ceux-là mêmes qui ont une tête d’arabe. Finalement, au paroxysme de l’horreur, les Arabes avec leur tête d’arabe s’élevèrent au-dessus de l’obscurantisme. C’est une grande leçon de l’histoire, que ceux qui n’ont pas de tête d’arabe, devraient méditer.

#ericzemour #elisabethlevy