Album - Cynik Scald - Aged Spirit ( 2019)
NoPo
Self-released
J'aime bien les jeux de mots tirés par les cheveux, surtout longs (les cheveux, comme chez beaucoup de métalleux), mais là... le coiffeur doit habiter très loin!
Vous prenez le nom du groupe et vous le coupez (comme les cheveux) en 2 + 1 :
-'Cy' pour Cyprus, soit Chypre où les musiciens sont installés,
-'nik' ou plutôt 'Niké' pas dans le sens de la profondeur mais pour la déesse grecque de la victoire,
- 'Scald' nomme un poète viking et un groupe métal moscovite des années 90 et récemment reformé.
Ah ouais quand même! Ajoutez à cela que les membres viennent tous d'un pays différent et qu'ils chantent aussi bien en russe qu'en anglais voir les 2 ensemble... Le 5 majeur :
* Ivan, né en Russie mais viking de coeur (qu'il dit le gars!) - Fondateur, chanteur principal, auteur-compositeur,
* "Death", biker inconnu du Nevada (c'est lui qui le dit!) - Claviers, harmonica et choeurs,
* Kazuchiza "Kaz", un japonais à la guitare,
* Azra, un turc à la guitare,
* Jean, un bassiste frenchy.
Vous suivez toujours? Moi, ça me fait penser aux 7 mercenaires ou 8 salopards (prévu des remplaçants eux!)... mais le batteur... il est où le batteur?
Un grand timide? Zallez pas me dire qu'il se cache dans une boîte?
Le groupe commence à composer en 2018 et diffuse l'album 'Aged Spirit' pour (joyeux) Noël 2019 ou presque , enregistré par Slavic Selin et masterisé par Thomas Plec Johansson :
1. Cynik
2. Angel
3. Storm
4. My God
5. Asgard
6. Last dragon
7. When The Sun Goes Down
8. Silent Rainbow
9. Can Dance Without you
puis 3 nouveaux titres filent en single :
'Lullaby' en Novembre, 'City of Nemesis' en Janvier et 'Darkness and light' en Mars (Attacks!).
Le logo, flamboyant, se compose des 2 mots de leur nom, fusionnés en une espèce de oiseau/vaisseau spatial à l'emblème de Queensryche (qui, lui même, s'inspire d'un faucon).
On repassera pour les couleurs, la jaquette, réalisée par Anatoly Volkov, n'accepte que le noir et blanc!
Une photo d'un homme, cadrée entre menton velu et torse chemisé, met en évidence un poing musclé desserrant une cravate brillante et laissant entrevoir une espèce de cote de maille (sous costume).
Outre le visuel, l'album surprend par ses variations dans un joyeux bazar bizarre et farfelu.
Une voix gutturale entonne 'Cynik' en russe mais la surprise vient surtout de l'alternance du groove wha wha des couplets et du refrain à l'armure viking.
'Angel' combine 2 voix, la précédente dominante et une seconde voix plus claire et mélodieuse. Le résultat pétille sur un chorus tendance choeurs de l'armée rouge avec quelques pointes d'aigus cartoonesques.
Le fond musical s'accroche à un rythme bancal de qualité.
'Storm' invite, dans une tempête en mer, Urban Breed (chanteur de Serious Black et Project Arcadia, et ancien chanteur de Bloodbound et Tad Morose) en contrepoint du grain de Ivan.
Le morceau, paru en single (octobre 2020), bat le pavillon pirates 'Jolly Roger'. Il n'hésite pas à glisser un passage de "Drunken Sailor" dans les énormes vagues.
Le rythme et les riffs saccadent comme les attaques des lames déferlantes.
Une fois n'est pas coutume, 'My God' démarre par un riff d'abord aérien puis 6 pieds sous terre... soutenu par un chant guttural mais t'es content quand même (si tu râles).
La batterie s'emporte mieux à la double-pédale. Puis les 2 voix paradent jouant parfois en double séduction et parfois se renvoyant la balle. Un sacré set de complicité!
Juillet 2020 voyait la sortie d'Asgard' pour les vacances... sans David et Jonathan, ouf! La guitare, pleine d'effets, dérape dans les virages.
Une alarme prévient du danger en provenance des écrasantes basse/batterie alertes. L'ambiance électrisante laisse le riff au clavier avant un solo central croisé.
Le chorus viking dégoupille des ohohoh virils qui cherchent leur place dans le monde (sic).
'Last dragon' ou 'Drakon' nous balade dans un paysage glacé d'une grande beauté et sibérien (mais ça fait quelque-chose!).
Les claviers gonflent en violons et enveloppent la magnifique voix chaude de crooner qui roule les 'r' des mots sur des montagnes russes.
'When the sun goes down' sonne l'heure de l'harmonica et de la balade en moto, "Death" et Ivan en sont friands.
Le morceau bluesy prolonge le bruit du moteur (head), intégré comme un instrument. La voix gratte autant que la barbe des bikers.
Les textes? Une vraie allégorie-lles sur Harley! ça sent l'apéro au bord de l'eau...
Un clavier au son de flûte traversière ajoute une couleur claire au 'Silent Rainbow'. La guitare prend une teinte rouille et le chant maintient son style gris-noir abrasif.
Mélange surprenant où Cynik Scald arrive à construire une superbe mélodie accrocheuse grâce à une seconde voix aérienne. Une basse roulante et un clavier harmonieux finissent d'épaissir le liant.
'Can Dance Without you' mélange 2 langues avec des cuivres et une voix qui aurait pu être celle de Ugo Dirkschneider.
Le rythme heurté voir syncopé peut faire penser à Goran Bregović. Un ballet déroutant tout autant que captivant!
Pour la suite récente :
'Lullaby' déroule une chanson d'amour protectrice d'inspiration épique,
'City of Nemesis' va chercher la profondeur d'un mélodeath luxueux,
'Darkness and light' passe à la vitesse du speed métal symphonique.
On dirait du métal sortant de la fonderie avec de jolies formes aléatoires pas encore polies et ce côté brut a bien du charme.
Eclectisme, simplicité, amitiés, muli-nationalités, un truc ludique qui se lâche et ne se prend pas la tête!