L'été apparaît de plus en plus interminable pour le candidat républicain John McCain, alors que son rival démocrate Barack Obama mène une tournée internationale de rock-star. Les images le montrant dans une voiturette de golf avec George Bush père, 84 ans, n'ont rien arrangé, donnant l'impression qu'à 71 ans il était davantage prêt pour la maison de retraite que pour la Maison blanche.
Les médias américains s'amusent de ses gaffes qui pourraient révéler des problèmes de mémoire et d'agilité intellectuelle dus à l'âge. Best-of : il a fait référence à la frontière entre l'Irak et le Pakistan alors que les deux pays n'ont pas de frontière commune, il a évoqué la Tchécoslovaquie alors que ce pays n'existe plus, il a confondu les sunnites et les chiites, il a parlé de Vladimir Poutine comme président de l'Allemagne. Lors d'un voyage en mars en Jordanie, il a déclaré, à tort, que l'Iran, un pays majoritairement chiite, fournissait des armes à Al-Qaïda, un groupe sunnite, alors que l'Iran est plutôt accusé de fournir des armes à des extrémistes chiites irakiens. Le sénateur Joe Liebermann, qui se trouvait à ses côtés, avait dû lui glisser à l'oreille qu'il avait dit une bêtise.
Certes, Obama a fait aussi des erreurs (il a parlé des 57 Etats des Etats-Unis), tout à fait compréhensibles quand on parle sans arrêt sous l'oeil des caméras. Mais étant donné les doutes que peuvent avoir les électeurs sur la capacité de McCain à être président des Etats-Unis à bientôt 72 ans, ces gaffes sont d'autant plus ennuyeuses pour lui. Et comme le font remarquer les journalistes du site d'informations Politico, Mike Allen et Jim Vanderhei, "de manière ironique, les erreurs se sont concentrées sur ce qui devrait être son domaine d'expertise, la politique étrangère".
Et puis, il y a a eu sa plaisanterie il y a quelques semaines sur les Iraniens et les cigarettes qui n'était pas du meilleur goût. Interrogé sur l'exportation de cigarettes américaines en Iran pour une valeur de 158 millions de dollars sous l'administration Bush malgré les restrictions aux importations américaines, McCain a répondu: "C'est peut-être un moyen de les tuer", précisant aussitôt qu'il plaisantait.
McCain n'a pas été aidé non plus par son entourage. Récemment, l'un de ses conseillers économiques, Phil Gramm, un ancien sénateur du Texas qui est vice-président de la banque suisse UBS, a reproché aux Américains d'être devenus "une nation de geignards" qui étaient en "récession mentale". Un peu vexants pour les électeurs qui voient leurs factures d'essence et de produits alimentaires augmenter. McCain a dû rapidement affirmer que Gramm ne parlait pas en son nom. Pour ne rien arranger, il n'a pas su quoi répondre quand on l'a interrogé sur les propos de l'une de ses principales conseillères, Carly Fiorina, ex-PDG de Hewlett-Packard, dénonçant le remboursement du Viagra par de nombreuses compagnies d'assurance santé et pas des pilules contraceptives pour les femmes. "Je ne veux certainement pas parler de cela", a-t-il dit embarrassé alors qu'on lui demandait quels avaient été ses votes au Sénat sur ce sujet. C'est sûr que quand on fait campagne pour la Maison Blanche à 72 ans, il y a un mot qu'on n'a pas envie d'entendre, c'est Viagra. Tout de suite, cela donne un coup de vieux.