Un poème biarrote de Sissi : le voeu poétique funéraire de l'impératrice Elisabeth

Publié le 23 avril 2021 par Luc-Henri Roger @munichandco

Le quotidien Paris-midi publiait le 15 avril 1939 la traduction d'un poème autographe de l'impératrice Elisabeth d'Autriche, dont l'original avait été rédigé par Sissi alors qu'elle séjournait à Biarritz en 1897, quelques mois avant d'être assassinée. En 1939, ce poème avait été exposé dans les vitrines de l'exposition des souvenirs se rapportant aux souverains qui contribuèrent à mettre la plage en vogue qu'organisait le Musée de la mer de Biarritz : l'impératrice Eugénie, Napoléon III, la reine Victoria, Edouard VII, Léopold Il, Alphonse XIII, la reine Nathalie de Serbie, l'impératrice Elisabeth d'Autriche...

L'impératrice avait déjà auparavant souhaité être inhumée près de la mer dans sa propriété de l'Achilleion à Corfou. Le poème biarrote réitère le voeu d'une sépulture marine :


LE VŒU POÉTIQUE DE L'IMPÉRATRICE ÉLISABETH

Et s'il faut que je meure un jour Afin que mon dernier regard Soit vers la mer que j'aime tant.
Ce sont les vagues qui me chanteront
Pareil à l'ardent appel du fiancé Qui attend sa bien-aimée.
C'est dans l'endroit le plus profond de la mer,
C'est là que vous me descendrez. Quoiqu'au-dessus la tempête fasse rage Là-bas il y aura le repos. Adieu de ta fidèle SISI. Biarritz, en hiver 1897.

Ce poème m'a rappelé certaines strophes de la Supplique pour être enterré en plage de Sète de Georges Brassens, qui, comme l'impératrice, souhaitait un cimetière marin :

[...] Juste au bord de la mer à deux pas des flots bleus
Creusez si c'est possible un petit trou moelleux
Une bonne petite niche
Auprès de mes amis d'enfance, les dauphins
Le long de cette grève où le sable est si fin
Sur la plage de la corniche
[...] Déférence gardée envers Paul Valéry
Et qu'au moins si ses vers valent mieux que les miens
Mon cimetière soit plus marin que le sien
Et n'en déplaise aux autochtones
Cette tombe en sandwich entre le ciel et l'eau
Ne donnera pas une ombre triste au tableau
Mais un charme indéfinissable
Moi l'humble troubadour sur lui je renchéris
Le bon maître me le pardonne