yo yaṃ bodharasasphāra ca sītkāra rasottaraḥ |
svasvatantraikacicchīla dīpti dīpitadīpanaḥ |
ekāneka kalākālā kalitotīvakaścana |
anāśritatayābhāta camatkāra rasottaraḥ |
"Cette expansion du nectar de l'éveil,
ce soupir, au-delà même de ce nectar/ ce nectar supérieur,
cette beauté de la conscience unique
libre en elle-même,
cette lumière, à la fois excitée et excitante,
une et multiple, énergie intemporelle,
ce mystère incompréhensible,
cet ineffable manifesté absolument,
cet émerveillement, est le nectar suprême."
Le Jeu de l'énergie du désir (Kâmakalâvilâsa)
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Ces paroles décrivent l'expérience de l'éveil dans le contexte du Sacrifice primordial (âdiyâga), le rituel secret Kaula. Chaque mot a un double sens : description de la conscience et description du désir.
En effet, le grand point de la tradition Kaula est que l'absolu est conscience et désir. Conscience unique, désir unique. Conscience indifférenciée, désir indifférencié, conscience universelle, désir universel, conscience sans objet, désir sans objet, conscience une, désir...
Le "soupir" (sîtkâra, litt. "faire sssss..." ou "sh..." en inspirant) est la manifestation du désir, de l'absolu. Selon la tradition secrète, il est le Mantra suprême, le plus puissant de tous. S'absorber en lui, c'est s'absorber dans le désir primordial, en l'absolu divin, ultime, la Source universelle. Cette onomatopée désigne, dans la culture indienne (et pas seulement dans le Tantra) l'expression du plaisir, du désir, de l'excitation, de l'essence du désir (kâma-tattva) qui est l'absolu, la puissance infinie, la Conscience universelle.