Corolle hérissée aux rimes liquides expulse ses bal(l)ades, agrippe une douloureuse exhalaison : lézarde affolante instille rêverie entêtante.
Charles Baudelaire - Autoportrait sous l’influence du haschich.
« Durant ces grandes nuits d’où le somme est banni, »
À Musine j’écris en pleurs, à l’agonie.
« Te regarder toujours avec des yeux de feu »
Irrigue de velours ta braise qui m’émeut.
« Ô douleur ! ô douleur ! Le Temps mange la vie »
Et sans Musine l’Instant saigne ses envies.
« Moi-même, dans un coin de l’antre taciturne,
Je me vis accoudé, froid, muet, enviant, »
Laissant les angoisses ronger mon sort nocturne,
En un cri sépulcral m’exhiber déviant.
« Au somnambule errant au bord des édifices, »
Reste un sort délirant, le roide sacrifice.
« Comme les sons nombreux des syllabes antiques »
S’exhalent les tons feu qui accrochent nos criques.
« Qui, comme moi, meurt dans la solitude,
Et que le Temps, injurieux vieillard,
Chaque jour frotte avec son aile rude... »
Sait que l'âme s'use et tombe aux pillards
Qui souillent l'envol, griment l'élan prude
Pour qu'il ne reste qu'un laid vétillard
Aux songes étroits, ternes certitudes.
« Quand la terre est changée en un cachot humide,
Où l'Espérance, comme une chauve-souris, »
S'épuise et s'assomme contre ces pans acides,
Je reste là, goûtant son cadavre tout gris.
« Pour engloutir mes sanglots apaisés
Rien ne me vaut l'abîme de ta couche : »
Et si je suis arraché de ta souche,
Privé de sève : une vie à raser.
« Fortes tresses, soyez la houle qui m’enlève ! »
Loin du phare, aspirant l’écume qui m’élève.
« L’air est plein du frisson des choses qui s’enfuient, »
Volutes sans retour, restes d'âmes en suie.
« Dans le suaire des nuages
Je découvre un cadavre cher, »
Celui que je deviens, en nage,
Sueur glacée perlant sans chair.
Corolle
Hérissée
Aux
Rimes
Liquides
Expulse
Ses
Bal(l)ades,
Agrippe
Une
Douloureuse
Exhalaison :
Lézarde
Affolante
Instille
Rêverie
Entêtante.