Kae Tempest écrit des poèmes, qu’elle dit ou qu’elle chante, elle écrit pour le théâtre, et des romans. Ce livre, qu’elle a écrit à la demande de son éditrice, témoigne de son engagement, de son parcours.
Elle présente son livre comme un concert. Les mêmes étapes : « installer le matos » , « balances », « portes », « première partie », « s’échauffer », « se lancer », « sentir que ça prend ». Elle raconte les difficultés qu’elle a rencontrées, notamment quand elle courait les concerts (jusqu’à cinq dans une soirée), sans prendre le temps. Toujours envie de dire ses poèmes, de chanter ses textes partout, sur scène ou hors de scène. Jusqu’à mettre en danger ses cordes vocales. Pourtant ce livre n’est pas un récit autocentré. Elle y parle de connexion. C’est-à-dire de reconnaître que les humains ont des points communs, qu’avant de devenir des prédateurs, ils ont dû apprendre à survivre, et notamment en s’organisant ensemble face aux prédateurs. Ce qui nous est commun mérite qu’on s’y attarde, qu’on l’entretienne. « Tout entre en résonance », écrit-elle. Il faut y être attentif. Ne pas se jeter sur son portable quand l’attention est fluctuante. Vivre pleinement les relations ou les actes. Elle cite Bukowski : « Pour toi / pas pour la gloire / ni pour le blé / cent fois remets l’ouvrage sur le billot ». Il ne s’agit pas de se comparer aux autres, mais d’être le plus possible soi-même. « Écoute de tout. Lis autant que possible. Essaie de rester pleinement présent, pleinement impliqué, dans l’activité qui exige ton attention ». Et la créativité. L’art peut sauver, mais pas seulement parce qu’on a créé quelque chose ; il doit « établir une conversation avec d’autres pour agir ; afin de produire son plein effet, l’histoire doit être lue, la chanson écoutée ».