Ces longues nuits d'hiver, où la Lune ocieuse
Tourne si lentement son char tout à l'entour,
Où le Coq si tardif nous annonce le jour,
Où la nuit semble un an à l'âme soucieuse :
Je fusse mort d'ennui sans ta forme douteuse,
Qui vient par une feinte alléger mon amour,
Et faisant, toute nue, entre mes bras séjour,
Me pipe doucement d'une joye menteuse.
Vraie tu es farouche, et fière en cruauté :
De toi fausse on jouit en toute privauté.
Pres ton mort je m'endors, près de lui je repose :
Rien ne m'est refusé. Le bon sommeil ainsi
Abuse par le faux mon amoureux souci.
S'abuser en amour n'est pas mauvaise chose
Pierre de Ronsard
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