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La presse écrite quotidienne d'informations est en pleine mutation. Avec une érosion lente mais constante de son lectorat, les annonceurs sont de plus en plus réticents pour investir. Ils trouvent trop cher ce média offrant des retombées toujours plus limitées. Sans oublier la concurrence des modèles gratuits et des nouveaux canaux d’information tels qu’Internet ou la TNT qui grignotent peu a peu le gâteau tant convoité. La presse écrite est affaiblie par ces nouvelles sources d'informations qui rendent de moins en moins indispensable le recours à cette dernière. Face à ce constat, la presse écrite d'informations décide de diversifier son offre en se tournant vers Internet et hésite entre contenu payant ou gratuit.
Quelle est la situation de nos quotidiens ? Pourquoi leur situation inquiète? Quels sont les enjeux du gratuit et du payant?
Le cercle vicieux de la presse écrite quotidienne
Le modèle actuel est voué, dans son format, à disparaître ou à profondément évoluer. Les supports l'ont bien compris. Les quotidiens d'informations traditionnels ne sont plus adaptés à nos besoins de consommation. L'information est partout : lorsque l'on allume notre radio, lorsque l'on prend le métro ou sur notre navigateur Internet.
Face à ce constat largement partagé, la presse quotidienne a bien tenté de réagir avec une stratégie de suppléments. Celle-ci s’est montrée efficace notamment le weekend à l’image du Figaro ou du Monde.
Mais cela ne suffit plus et la presse écrite souffre de l’érosion de son audience. Cela se traduit bien évidemment par des coûts de fonctionnement de plus en plus serrés, des journalistes qui n’ont plus le temps ni les moyens de mener de véritables investigations, de réaliser des dossiers de fond alors qu’il s’agit là, de la véritable valeur ajoutée de ce média. La marge de manœuvre est trop restreinte pour laisser place à des prises de risques éditoriales. La plume de véritables journalistes profesionnels et une analyse qui reste à mon sens plus stimulante qu’ailleurs sont les véritables bastions de cette presse. Mais cela ne suffira pas.
Les formats de ces journaux ne sont plus en phase avec nos rythmes de vie, nos habitudes. Et c’est ce qu’a bien compris la nouvelle génération de gratuits à l’image de 20 minutes ou Metro. Ces supports vont à la rencontre de leurs lecteurs. Ils proposent des maquettes beaucoup plus épurées, une place faite à l’image plus importante et sont relativement peu couteux à concevoir puisque les articles sont bien souvent ni plus ni moins que des dépêches AFP. Ils ont su s’adapter à l’évolution de notre société. Pelle Tornberg, Directeur de exécutif de Metro International, assez pessimiste, estime à ce sujet, que les quotidiens gratuits remplaceront un jour leurs homologues payants les jours de semaine, et que 95 % des titres payants « survivront » sous forme de produit de niche que les lecteurs achèteront uniquement le weekend.
Vers quoi va la presse écrite
Dans l’ère du service bien souvent gratuit, démocratisé par l’arrivée d’Internet, la presse gratuite a de beaux jours devant elle. Nous pouvons juger très sévèrement cette presse qui dans une certaine mesure décontextualise l’information pour nous en offrir une version prédigérée et anecdotique. A moins que le papier ne soit bientôt plus qu’un mauvais souvenir dans un monde de plus en plus préoccupé par les questions environnementales au profit de l’info sur les téléphones portables ou autres Blackberry.
Et c’est peut être là le plus inquiétant pour tout les amoureux des kiosques à journaux. Contrairement à la génération d’après guerre qui vouait un véritable culte à ce média, la nouvelle génération quant à elle, est résolument tournée vers les médias numériques.
Nous tentons de conserver cette presse comme nous voulons préserver ces monuments qui ont fait notre histoire. Ces journaux qui ont imprimé de façon indélébile ce qui fait et a fait l’information mais aussi et surtout la mémoire de plusieurs dizaine de générations.
Cependant les journaux sont toujours bel et bien là et ils tentent de s’adapter.
Quasiment tous misent aujourd’hui sur une complémentarité du papier et du numérique. Chaque quotidien développe son propre site d’information à la fois nouvel outil d’information et vitrine pour la version papier. Les opinions divergent ensuite, faut-il faire payer l’accès au site et s’assurer une manne financière ? La qualité du contenu pourra être mise en avant au détriment d’un bon référencement dans les moteurs qui génèrent en moyenne 90% de l’audience d’un site. A moins de proposer un service premium comme lemonde.fr afin de limiter les frais. Ou enfin offrir l’information et tenter de monétiser son audience. Aucun business model n’a réussi à s’imposer pour l’instant et le tâtonnement est la règle en la matière. Certains haussent le ton pour dire qu’il faut arrêter les frais du tout gratuit et d’autres affirment que l’essentiel est de générer du trafic afin de pouvoir l’exploiter par la suite.
La presse écrite est bien en pleine mutation et pour l’instant tout reste à inventer.