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Société nationale des Mines : Comment Ferdinand Ngoh Ngoh a floué Paul Biya

Publié le 19 avril 2021 par Tonton @supprimez

Directeur des mines au ministère de l’Industrie des mines et du développement technologique (Minmidt) avant sa nomination vendredi dernier comme tout premier directeur général de la Sonamines, Serge Hervé Boyogueno, est, selon des sources dignes de foi, un autre poulain du ministre d’Etat, Secrétaire général de la présidence de la République qu’il aurait catapulté à cette fonction pour laquelle il n’a guère le profil, encore moins les états de service.

39 ans et déjà Directeur général d’une prestigieuse société d’Etat, c’est loin d’être monnaie courante ! Dans une administration sclérosée et où les grabataires ont confisqué les clés des plus hautes fonctions, Serge Hervé Boyogueno a de quoi se sentir dans la peau d’un privilégié. Un miraculé pour dire le moins. L’ascenseur social bloqué, ils sont très rares ces jeunes qui peuvent se targuer d’occuper d’aussi glorieux postes alors que ces « vieux » qui gouvernent restent d’éternels insatiables. On peut donc comprendre aisément ce tapage sans relâche sur les réseaux sociaux depuis vendredi dernier, célébrant à grands renfort de slogans propagandistes la clairvoyance du Chef de l’Etat Paul Biya dont « la confiance à la jeunesse n’a jamais été démentie ». Entre ceux qui y voient déjà des lueurs de la politique transgénérationelle tant vantée ces derniers mois et ceux qui parlent de juste récompense, le débat ne manque pas d’arguments. Boyogueno est donc le tout premier Dg de la Sonamines crée le 14 décembre 2020 par décret du président de la République.

Porté à ce poste lors de la première session du Conseil d’administration de cette société le 16 avril 2021 à Yaoundé, le jeune ingénieur (informaticien) de la géologie, fait la une de tous les débats non seulement en rapport avec son jeune âge, mais surtout au regard des attentes placées en lui et le cahier de charges de son entreprise qui est suffisamment garni. En effet, le décret présidentiel créant cette entreprise renseigne qu’elle doit « réaliser l’inventaire des indices miniers en liaison avec les autres administrations et organismes compétents,, conduire les études à l’exploration et à l’exploitation des substances minérales, mener les opérations d’achat et de commercialisation des substances minérales pour le compte de l’Etat, mener les activités d’exploration et d’exploitation des substances minérales, promouvoir la transformation et le conditionnement des substances minérales, entre autres ». Une bien lourde mission pour celui qui était avant sa nomination, Directeur des mines au Minmidt.

Au nom de la procuration

Passés les youyous, les vivats et les flonflons pour célébrer cette prestigieuse promotion, il faudrait questionner les contours du décret présidentiel qui consacre le jeune Dg à cette haute fonction. Questionner les véritables raisons de ce parachutage qui laisse songeur. Les enquêtes du Messager révèlent que c’est Ferdinand Ngoh Ngoh qui aurait fait feu de tout bois, pour obtenir du Chef de l’Etat, cet important acte. Patron de l’administration à la présidence de la République, véritable ministre des marchés publics, le ministre d’État/Sgpr n’est-il pas le propriétaire de tous les dossiers, suppléant ainsi l’absence physique de Paul Biya en confinement prolongé? Nos sources brandissent pour soutenir ce postulat, le fait que «le père du Renouveau » a décidé d’en faire l’homme fort, la plaque tournante de son système de gouvernance.

Bénéficiant donc d’une procuration de « Dieu », le vice-Dieu s’arroge tous les droits et les pouvoirs. « On se serait attendu au moins à ce que des brillants ingénieurs en Mines ou d’autres hauts cadres chevronnés du Minmidt soient nommés à ce poste délicat, parce que jouissant d’une certaine expérience. Mais, c’est finalement sur ce jeune pouce qui a été nommé Directeur des Mines alors même qu’il était en cours d’intégration à la Fonction publique, qu’on a choisi de confier les destinées d’une aussi importante structure. Cela manque de logique et démontre à suffire toute la mafia qui a entouré le processus de désignation de ce Dg», commente un haut cadre de la Fonction publique.

Réseau de connexions

Un raisonnement qui semble tenir la route. Ce d’autant plus que Louis Georges Njipendi, l’ex directeur général de Camair-Co, est l’un des filleuls de Ngoh Ngoh. Tout comme Victor Mbemi Nyaknga de la Société nationale de transport d’électricité (Sonatrel), Bertrand Pierre Soumbou Angoula de l’École nationale d’administration et de magistrature (Enam), Antoine Félix Samba (inspecteur général des services administratifs et budgétaires), Joseph Ngoh de l’Agence de régulation des marchés publics (Armp) ou encore Jean-Paul Simo Njonou, ex-conseiller économique à la présidence de la République nommé Dg de la Société nationale de raffinage (Sonara).

Au secrétariat d’État à la Défense (Sed), Galax Landry Etoga n’est-il pas l’un de ses anciens collaborateurs au ministère des Relations extérieures (dont il a été le secrétaire général d’août 2010 à décembre 2011). A la vérité, son réseau de connexions dans la sphère du pouvoir, avec le haut commandement militaire et la communauté du renseignement, ainsi qu’au sein du milieu des affaires confère un poids certain au natif de Nanga-Eboko.

Pillage à ciel ouvert

Plus révélateur, depuis l’arrivée de Ngoh Ngoh à Etoudi, les observateurs avertis ont ressenti dans les desseins de l’homme, une espèce d’obsession de faire exploiter toutes les ressources minières du pays. Un pillage à ciel ouvert « aux fins d’en faire un trésor de guerre », pour paraphraser une source au sein du sérail. Ce n’est donc pas un hasard si certaines personnalités influentes du Cameroun ont obtenu des permis de recherche de l’or sur de vastes terres, juste pour les céder plus tard aux mineurs étrangers qui y pratiquent l’exploitation illégale à l’origine de la destruction de l’environnement, des pertes en vie humaine et de la fuite des capitaux… Pire, depuis quelques années, certains ressortissants des pays asiatiques ont investi le sous-sol camerounais à la quête d’une partie des réserves d’or qui, selon le gouvernement, couvrent une superficie de 20.000 kilomètres carré reparties sur une centaine de villages.

Munis des équipements modernes, ils étaient censés faciliter l’extraction du métal jaune et accroître les recettes du secteur minier qui constitue officiellement moins de 1% du Produit intérieur brut (Pib). Suivi de la politique minière quasi nul Les récents scandales de la société sud-coréenne, C & K Mining, autorisée à pratiquer l’exploitation artisanale semi mécanisée pour récupérer 13 tonnes d’or emportés par l’eau du barrage Lom Pangar à l’Est, en sont une nette illustration.C’est toujours sous l’onction de Ngoh Ngoh que des opérateurs miniers étrangers ont signé des partenariats technico-financiers avec certains nationaux en vue d’acquérir plus d’espaces et d’intensifier l’exploitation si ce n’est le pillage de nos ressources minières, rendant le suivi de la politique minière quasi nul et laissant une grande marge de manœuvre à ces néo-colonisateurs dont le but se résume uniquement à assécher le sous-sol camerounais.

On se souvient qu’en octobre 2020, des éléments de la douane camerounaise ont saisis 38 lingots d’or, au cours des opérations de contrôle de routine à l’aéroport international de Douala. Les gabelous estimaient à environ 20 Kg la quantité de cette marchandise qu’on disait en destination de la Chine. Des enquêtes poussées révélaient que cette saisie n’était que la face visible de l’Iceberg que représente le vaste réseau du trafic d’or du Cameroun vers certains pays. Une pratique qui fait perdre à l’Etat (silencieux) des centaines de milliards de Fcfa. Il n’est donc pas illusoire de penser que Serge Hervé Boyogueno a été catapulté à la Sonamines pour faciliter ledit trafic et permettre à son richissime de parrain, de continuer de s’enrichir indéfiniment. On ne perd rien à attendre !

Franck ESSOMBA


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