A cette époque-là, le boulevard Saint-Germain et ses rues adjacentes comptaient de nombreux lieux aussi célèbres les uns que les autres où l'on pouvait croiser des personnalités comme Boris Vian, Albert Camus ou Roger Vadim. Ces archipels, comme on les appelait à l'époque, étaient connus sur les noms de la Rose rouge, le Caveau de la Huchette, le Tabou, le Montana, le Méphisto et bien sûr l'Orphéon, littéralement collé à la boutique diptyque, que les trois fondateurs rachetèrent afin d'agrandir leur espace et dont le seul vestige est une colonne bleue à facettes que l'on peut encore aujourd'hui voir à l'intérieur même du numéro 34 du boulevard.
C'est à ce club qui vivait, mezza voce, de huit heures du soir à huit heures du matin, que la Maison diptyque à voulu rendre hommage avec ce parfum avec cette création imaginée comme un songe olfactif puisque personne désormais n'a la mémoire des lieux. Le parfumeur Olivier Pescheux s'est donc laissé allé à un jus frais, floral, sensuel et boisé, non genré puisque les parfums des femmes s'y mêlaient à ceux des dandys souvent dragueurs. Des baies de genièvre avec une touche de citron et de mandarine évoquent les vapeurs du gin fiz tandis que les accents âpres du lentisque et du labdanum rappelent les nuages de tabac qui flottaient dans l'air. Un trio cèdre, vétiver et patchouli pour les tables, le bar et autres meubles patinés. Le sillage musqué ambré des artistes contraste avec celui de leurs muses dans un mélange jasmin, ylang-ylang, magnolia et rose. Sans oublier la chaleur de la fève tonka réhaussée de benjoin vanillé et d'ambroxan pour l'addiction.