Conte Jouin n° 17
Accro aux romans et aux films noirs, je nourrissais une certaine tendresse pour les anti-héros...
Cafardnaüm
Je suis anxieux, là, dans le noir
Je suis groggy, j’ai peur, j’ai froid
J’ai peut-êtr’ bien trop bu ce soir
Mais au cafard j’étais en proie
Quand vers deux heures du matin
Je suis entré dans ce tripot
Plein de truands et de putains
J’aurais dû fair’ gaffe à ma peau
Au lieu de ça je m’ suis r’dressé
Et j’ai roulé des mécaniques
Au barman je m’ suis adressé
En commandant un gin tonic
« Je cherche quelqu’un, que j’y ai dit
Tu vas p’têtr’ m’aider à l’ trouver
Celui qu’ je cherche c’est l’oubli »
Et je m’ suis mis à rigoler
Dans la sall’ soudain silencieuse
Un escogriffe s’est levé
Il avait la mine soucieuse
J’ai continué de rigoler
« Ne t’approch’ pas, que j’y ai dit
J’ai comme une envie de tuer
A moins qu’ tu n’aim’ le rififi
Tu ferais mieux de te tirer »
Il m’a regardé tristement
D’autres truands s’étaient levés
« Ecoutez-moi, c’est simplement
Le temps que je voudrais tuer »
Faisant fi de ma plaisant’rie
L’homme a sorti un cran d’arrêt
Et aussitôt s’en est servi
Pour couper l’électricité
Dans le noir je m’ suis cavalé
Je ne pensais qu’à me cacher
Je suis entré dans les WC
Mais l’homme m’avait rattrapé
Pris de panique j’ai vomi
Pour moi les carottes étaient cuites
« Je suis bourré, que j’y ai dit
Alors, tir’ mon vieux, mais fais vite »
Le regard du gars s’est glacé
Sa main serrait quequ’ chos’ de gros
Et puis soudain il a tiré
Il a tiré… la chasse d’eau