Climato-gauchistes et nationalistes identitaires se retrouvent pour des raisons différentes dans leur détestation de la mondialisation et du libéralisme économique.
Une transition énergétique durable et soutenable s’appuie sur trois piliers :
- solutionner le réchauffement climatique,
- garantir la sécurité énergétique,
- assurer la compétitivité des entreprises.
L’énergie se doit d’être à la fois propre, disponible et abordable.
Cet équilibre est réfuté par la plupart des climato-gauchistes hypertrophiant le pilier climat aux dépens de la compétitivité et de la sécurité énergétique. Derrière l’objectif climatique, le climato gauchisme « avance couché ». Son dessein premier n’est pas de protéger la planète et de lutter contre le réchauffement climatique mais de mettre à bas la société de croissance et son démon capitaliste. Parallèlement à leurs positions écologistes, les climato-gauchistes sont en effet connus pour leur haine des riches et leur détestation de tout ce qui s’y corrèle : sélection, compétition, réussite sociale.
La prise de position courageuse de François de Rugy début 2021 dans Le Point est sur ce point très éclairante.
CLIMATO-GAUCHISME : DÉRIVE IDÉOLOGIQUE DE L’ÉCOLOGIE
L’ancien ministre d’Emmanuel Macron décrit :
La lente dérive idéologique de l’écologie politique notamment quant à son rapport à la science et à sa déconnexion vis-à-vis des réalités économiques. Une vision nourrissant des tendances régressives et rejetant l’idée même de progrès, un prêt-à-penser gravé dans un petit livre vert, des prises de position motivées par un projet de décroissance jamais avoué car électoralement suicidaire.
Tout aussi nuisible que le climato-gauchisme est le nationalisme identitaire.
Par construction, il hypertrophie les piliers nationaux : la compétitivité et la sécurité énergétique d’un pays ont des frontières ; aux dépens du climat qui lui n’en a pas. Tout aussi inconciliable avec les trois piliers du développement durable, le nationalisme identitaire s’est inventé un modèle écologique spécifique : le localisme.
Promu dès la fin des années 1960 par le philosophe d’extrême-droite Alain de Benoist, il consiste à privilégier ce qui est local (démocratie participative, économie de proximité, emploi local) pour minimiser l’empreinte écologique liée au transport de personnes et de marchandises.
Introduit au Rassemblement national par l’essayiste Hervé Juvin devenu l’une de ses têtes pensantes, le localisme consacre un revirement historique pour le parti d’extrême droite dont les dirigeants historiques considéraient l’écologie comme un « passe-temps de bobo ».
Appliqué de façon adéquate et ciblée, ce principe peut se révéler tout à fait pertinent. Quoi de plus stupide que de consommer des cerises du Chili ou des haricots verts du Cameroun en plein mois de janvier !
CLIMATO-GAUCHISME ET INSTRUMENTALISATION DU LOCALISME
En réalité, comme le réchauffement climatique pour les climato-gauchistes, le localisme est instrumentalisé par les nationalistes identitaires comme un levier puissant leur permettant de justifier via un argument environnemental la nécessité d’un nationalisme politique et économique.
Derrière le localisme, les nationalistes identitaires encouragent une opposition frontale entre métropoles élitistes et territoires ruraux populaires. Le localisme leur permet de fusionner écologie et nationalisme dans un triptyque « nature, identité et société » dont l’intégrité ne peut être garantie que par la souveraineté nationale.
Dans ses fondements, le localisme s’accommode parfaitement des idées décroissantistes des climato-gauchistes. De Benoist a ainsi été l’auteur en 2007 d’un ouvrage Demain la décroissance tandis qu’une recherche internet sur le localisme vous conduira inévitablement vers Serge Latouche l’une des principales références du décroissantisme.
Rien de très surprenant dans la mesure où climato-gauchistes et nationalistes identitaires se retrouvent pour des raisons différentes quant à leur détestation de la mondialisation et du libéralisme économique.
Hervé Juvin déclarait lors d’un discours enflammé précédant les européennes de 2018 :
Le monde de l’ultralibéralisme, c’est une poignée de milliardaires qui ont réduit tous leurs voisins au chômage et qui ont détruit leurs territoires autour d’eux.
Une phrase que n’auraient pas renié Julien Bayou, Jean-Luc Mélenchon, Éric Piolle, ou Clémentine Autain.
François de Rugy se montre tout aussi critique vis-à-vis du localisme que du climato-gauchisme :
Comment aurions-nous pu avancer aussi vite dans la recherche d’un vaccin sans la coopération mondiale ?
Climato-gauchistes et nationalistes identitaires ne partagent pas pour autant un programme commun. Sans surprise, les nationalistes identitaires sont favorables au nucléaire considérant l’atome comme un contributeur essentiel à l’indépendance énergétique française. Un point que De Rugy semble aujourd’hui partager pointant l’opposition obsessionnelle des Verts vis-à-vis du nucléaire et qualifiant à juste titre l’ONG fondamentaliste Greenpeace de « boulet du climat ».
DUEL À VENIR
Lors des prochaines élections régionales, François de Rugy affrontera dans les Pays de Loire le climato-gauchiste Matthieu Orphelin et le nationaliste identitaire Hervé Juvin.
Un duel opposant des conceptions idéologiques d’une écologie instrumentalisée au pragmatisme d’une transition énergétique réussie au service du développement humain. Une clarification des idées qui se révèle nécessaire en prémices des présidentielles.