Quelque part en France

L’invitation m’était parvenue il y a quelques jours et je l'avais acceptée : une lecture, dans un jardin privé, de textes de Claire Le Michel par un collectif travaillant sa création sous le titre « Quelque part en France ». 

Public restreint, assis, masqué. Cela m’a fait penser à une représentation très particulière quelque part dans Moscou, il y a un peu plus de 30 ans, sous les combles d’un immeuble où nous étions à peine une dizaine de spectateurs, venus au temps de la perestroïka voir comment vivait alors le théâtre. Mais évitons l’amalgame entre les deux situations : à Moscou on pouvait encore assister à des spectacles dans les théâtres de la ville.

La poésie, donc, ici, « quelque part en France », là où il y a des parcs, des espaces verts, des lieux de rencontres, des lieux où la rencontre est possible, là où des oiseaux vous regardent dans les yeux de leurs yeux tout ronds, là où, entre les immeubles, sur la pelouse, se croisent et jouent et se parlent des enfants, des parents, des adolescents, des grands, des moins grands, des migrants. Elle s’appelle Louise, lui Hamid. C’est important les prénoms pour Claire. Ces inconnu.e.s nous deviennent proches et l’espace de leur parole est notre espace. Et la musique y tient sa place, tantôt soulignant le texte, tantôt lui offrant la possibilité d’un dialogue.

Et les applaudissements à la fin. Comme ça fait du bien, applaudir, non seulement pour féliciter le jeu, la musique, le texte, mais aussi pour être ensemble à ce moment, réuni.e.s par la poésie.

Puissent ces textes retrouver leur destination : le partage dans l’espace public, et partout où ce sera possible.