Une fois de plus, j'ai tardé à écrire. Pas que j'ai hésité pour mon disque de la semaine du 2 avril. Non, ça faisait un moment que j'avais repéré ce troisième album de La Femme. Si le premier m'avait plu, le deuxième déçu, celui-là m'emballe carrément. Et oui, je sens que je vais perdre du monde en route en disant ça. La Femme, c'est pas très rock indépendant. Assez différent de ce que j'ai l'habitude d'encenser ici, trop commercial, trop djeun pour un papa. La crise de la quarantaine, toussa, toussa. Je reconnais que les duettistes biarrots, adeptes de la planche, Sacha Got et Marlon Magnée, les deux compositeurs, peuvent sévèrement agacer, prétentieux et trop légers, même si leurs paroles restent empreints de noirceur. Mais La Femme, c'est aussi et surtout la musique : foutraque, bancale mais incroyablement addictive et jouissive. "Foutre le bordel", voilà le leimotiv, quitte à sembler basique et un peu bas du front. On est bien loin de l'écriture trop stylisée de Feu! Chatterton par exemple, autre fleuron actuel de la scène pop-rock française. Il paraît que La Route du Rock pourrait quand même avoir lieu cette année, mais qu'elle devrait se dérouler dans divers lieux plus petits et sans doute avec une affiche franco-française. Avec les deux groupes susnommés, à défaut de marquer une réelle indépendance dans la programmation, ça aurait déjà de la gueule et serait apte à attirer du monde. Pour revenir à "Paradigmes", il enchaîne les tubes en puissance et les mélodies pop évidentes, comme pouvait le faire le dernier disque Biolay, mais en plus foufou, plus décalé, plus dansant surtout. Difficile ici de rentrer dans le détail tellement le disque est dense, emprunte partout ou presque, tellement chaque morceau semble bifurquer sans cesse, quitte à en faire souvent trop. C'est en tout cas et d'assez loin le meilleur album de La Femme. On a hâte que l'été arrive enfin. On a déjà la bande son idéale.
2.13.0.02.13.0.02.13.0.0