Les habitants du v illage Bitsok-Adjap dans l’arrondissement d’Endom, département du Nyong et Mfoumou menacent de recourir à la force pour arrêter le massacre de leur forêt par la société forestière du Mungo (Sfm).
« Nous sommes restés calmes jusqu’alors parce que la dignité et le respect de l’autorité de l’Etat le recommandent mais l’Etat qui est garant du respect des textes et des lois devait au premier chef les respecter », tempête le président de l’association Elagrib au sortir d’une réunion de crise qui s’y est tenue dimanche 14 mars 2021. En effet, les populations sont en colère du fait qu’elles n’ont pas été consultées par le droit de préemption,préalable légale à un classement d’une parcelle de forêt en vente de coupe. Se prévalant être les véritables riverains avec le village Mebem des 2300 hectares de forêt qui ont été attribués en violation de la loi et des textes règlementaires à la SFM dans les brousses dont elles sont gardiennes depuis des lustres. Elles dénoncent dans la foulée, les manœuvres de faux dans l’inventaire floristique supposé réaliser sur le terrain, l’ignorance de leur existence dans l’implantation sur leurs terres d’un exploitant forestier et même leur non-implication lors de la réunion d’information qu’avait présidée le préfet à Eyek II. des forêts et de la faune, les textes règlementaires et autres accords internationaux. Au regard de la gravité des faits dénoncés et une application équivoque de la loi, le silence (coupable) de Jules Doret Ndongo inquiétant au plus haut niveau ces populations, associées à Elagrib, ont donc décidé de solliciter l’intervention du chef de l’Etat, pour stopper cette gabegie à ciel ouvert. Le 16/03/2021 le recours gracieux préalable accompagné d’une requête en intervention a été transmis à la présidence de la République.
Stopper la gabegie à ciel ouvert
Ces populations s’estiment lésées du fait que les retombés de l’exploitation de leurs forêts ne vont pas leur profiter. Restant loyales aux institutions de la République, une association citoyenne de ce village avait déjà, par un recours gracieux préalable saisi le ministre des forêts et de la faune en date du 05 février 2021 déchargé S/N°1528/Minfof, recours resté un mois et demi après sans aucune suite favorable alors que la forêt continue d’être dévastée en ce moment. Le recours gracieux préalable du 05/02/2021 demandait le sursis à exécution des travaux d’exploitation ou l’annulation pure et simple de cette vente de coupe attribuée illégalement selon l’auteur, L’acte qui apparaît comme un véritable réquisitoire contre l’arrêté du Minfof, a énoncé les faits sur le plan du droit et égrainé une kyrielle des violations de la loi 94/01 du 20 janvier 1994 portant régime Autoritarisme S’il faut admettre que le ministre des Forêts et de la faune est l’autorité supérieure sectorielle en charge de la protection, gestion et contrôle des activités forestières au Cameroun, il n’en demeure pas moins qu’il est également astreint lui-même au respect des lois, des textes réglementaires et des accords divers qui engagent son département ministériel.La compétence du contentieux administratif (à ne pas confondre avec le contentieux forestier) ne relève pas de sa prérogative.
Le fait pour le Minfof de se substituer à toute une commission interministérielle, seule instance régalienne ayant le pouvoir d’attribuer les ventes de coupe au Cameroun, est vu pour beaucoup comme un excès de pouvoir qui relève de l’autoritarisme et un abus flagrant de fonction. La signature et la mise en œuvre de l’Accord de partenariat volontaire (Apv/Flegt) avec l’Union européenne qui préconise d’ailleurs la réalisation par un organisme indépendant d’un audit annuel des titres d’exploitation forestière, ainsi queles procédures d’attribution, oblige le respect desdites procédures d’attribution.Comment donc comprendre et justifier l’attribution d’une vente de coupe sans avis d’appel d’offres au public, sans vérification préalable du zonage, bref une attribution de gré à gré sous le timbre d’une compensation pourtant proscrite par la loi ?Pourtant, « L’article 60 de la loi des forets dispose que le transfert des ventes de coupe des permis d’exploitation et autorisations personnelles de coupe sont strictement interdits », éclaire un expert.
Vaste réseau de corruption
Ainsi donc la compensation d’un titre forestier ne trouve ni fondement administratif, ni juridique au regard de la réglementation forestière en vigueur même s’il faut admettre qu’elle peut exceptionnellement constituer un mode de règlement de certains contentieux auxquels l’administration peut se trouver confrontée, mais ce domaine relève d’un autre pouvoir, celui du Tribunal administratif. Les attributions de compensation sont une tromperie qui couvre un vaste réseau de corruption et de faux entretenu par les cadres en charge de l’instruction intéressé de ces faux dossiers au Minfof et ce cas supplémentaire dans le même village Bitsok-adjap, illustre des failles graves qui ont déjà été portées à la connaissance du chef de l’État. Jules Doret Ndongo qui a voulu marqué son passage dans ce ministère par d’importantes réformes en vue d’assainir ce secteur vital de notre économie ne se conforme pas lui-même à la loi et aux textes, puisque semble-t-il non par méconnaissance desdits textes, mais parce qu’il se sera lui aussi revêtu de la peau de l’hyène et tombé dans la maffia des lobbies forestiers et dans les trous des cadres techniques avides d’enrichissement illicite.
Cris de détresse
Ayant en vain solliciter une mission de contre-expertise en présence des recourants, de l’observateur indépendant sur le terrain pour établir la lumière sur les volumes fictifs des essences de bois cotali (Eyek), Tali, Sappeli, Bibinga, Okan supposés inventoriées et géolocalisés, et même une descente au lieu de l’ancienne attribution pour toucher du doigt les manœuvres frauduleuses des responsables techniques qui ont monté ce dossier, aucune suite n’est apportée à ces cris des populations de Bitsok Adjap. On se souvient pourtant que sur très hautes instructions du chef de l’État, il a été ordonné le 11 août 2020, l’annulation pure et simple d’un classement mafieux de la forêt à Ebo chez les Banen en une Ufa, ce sont les mêmes cris de détresse que lancent actuellement les populations de Bitsok-Adjap à l’endroit du N’nomgui.