Substances chimiques au quotidien

Publié le 26 juillet 2008 par Sophie @missecolo

Les substances chimiques et les déchets sont redoutables pour l'environnement. Et lorsque les substances chimiques se transforment en déchets, les conséquences sont dévastatrices pour l'environnement et donc pour notre santé. Et quelle décharge aujourd'hui ne compte pas de substances chimiques ? Probablement aucune. Combien y a-t-il de décharges dans le monde ? Je n'ose l'imaginer. Combien de pays traitent leurs déchets ? Vraisemblablement peu. Dans les pays en développement, les déchets pour la plupart sont enterrés ou brûlés. Les décharges se transforment alors en véritables éprouvettes létales.

Incendie à la décharge de Septèmes - Tanarès méga-décharge

Etude du risque incendie lié au biogaz dans les décharges

Décharges illégales répertoriées

Décharges sauvages

Mais bien avant de finir en déchets, les produits polluent et nous intoxiquent. Leur fabrication génère des rejets industriels et pollutions qui échappent à l'esprit du consommateur. Leurs présentations colorées et attractives cachent des substances toxiques aux conséquences plutôt répulsives. Nos besoins nous ont aveuglés. Aujourd'hui, tous les produits de consommation contiennent des substances chimiques.

Prenons l'exemple des éthers de glycol. "Ce sont des substances volatiles utilisées à titre professionnel et domestique sans que leur caractère soit perçu par les utilisateurs. Il existe 80 dérivés des éthers de glycol, chaque dérivé possède des propriétés toxicologiques particulières. Ceux-ci présentent, en plus des risques d'incendie et d'explosion, des risques pour la santé et l'environnement." Ce n'est pas moi qui le dit mais le Sénat. "Trop peu d'informations sont communiquées sur les émissions des substances et produits nocifs pour la santé humaine." Merci messieurs les politiques.

Mais ou se cachent donc les éthers de glycol ? Dans les solvants (vernis, peinture, colle, détergent, dégraissant) mais aussi dans les produits domestiques (nettoyants), cosmétiques, pharmaceutiques, etc... Ils sont employés dans de nombreux secteurs d'activité : industries métallurgique, agricole, pharmaceutique, automobile, aéronautique, du bâtiment, du meuble, du textile, mais encore dans l'imprimerie, l'emballage, la coiffure, la parfumerie, le vernissage métallique, les ponts et chaussées (produits bitumineux), la maroquinerie etc... autant dire qu'ils sont omniprésents dans notre vie.

Et quand est-il du mercure, l'un des poisons les plus dangereux pour la planète ? Et bien ce ne sont pas moins de cent tonnes de mercure qui "dorment" dans la bouche des français (quelques témoignages sur le Forum France 2). Toutefois, les dentistes ne sont pas les seuls coupables de notre pauvre santé, l'industrie reste inégalable en matière de pollution et intoxication. "Les activités humaines constituent la principale source de rejets de mercure dans l'environnement. Bon nombre de ces rejets sont involontaires et proviennent de procédés dans lesquels le mercure se retrouve en tant qu'impureté non désirée." Source

"En France, les émissions de mercure sont attribuées généralement à l'incinération des déchets, au fonctionnement des cimenteries, aux activités dans les fonderies de métal et dans les usines produisant du chlore. Malgré le danger incontesté que représente le mercure pour la santé humaine et l’environnement, l'homme a su tirer profit de ses propriétés uniques pour fabriquer différents produits de consommation, tels que des lampes fluorescentes et les amalgames dentaires. Indubitablement, la quantité de mercure qui est mobilisée et émise par les activités humaines a augmenté considérablement, conduisant à des concentrations élevées dans l'air, l'eau, le sol, les sédiments et les organismes vivants, ce qui entraîne autant de risques pour l’homme et d’impacts pour l’environnement." Le mercure dans l'industrie française de production de chlore par Marc Sénant

D'un côté, les spécialistes (soucieux de notre santé) recommandent la consommation de poissons gras parce qu'ils offrent une protection contre les maladies cardiovasculaires. D'un autre côté, le poisson est la principale source d'exposition au mercure, associé aux risques cardiaques. Une étude en 2002 démontrait que le niveau de mercure des personnes victimes d'infarctus était supérieur de 15% à celui retrouvé chez les personnes n'ayant pas eu d'attaque cardiaque, et que celles révélant un niveau de mercure élevé avaient un risque d'infarctus multiplié par deux. Alors que faire ? Attendre les prochains conseils de notre bon Ministère de la Santé et des nutritionnistes ? S'ils peuvent encore en donner...

Le PCP, cela vous parle ? Ce petit sigle représente une substance chimique hautement nocive pour l'humain et l'environnement, le pentachlorophenol. A savoir, le PCP peut être émis lors de l'incinération de déchets contenant des produits chlorés (notamment du PVC).

Autrefois utilisé pour la protection des peaux dans l'industrie de la tannerie, ou encore pour la préservation du bois dans les intérieurs, présent dans les pesticides/herbicides, dans les circuits d'eau industriels, ou encore dans des huiles minérales pour moteurs et les peintures marines, l'utilisation du PCP est, aujourd'hui, sous haute surveillance en Europe, enfin espérons-le.

"Il y a eu plusieurs milliers d’installations utilisant le PCP en France depuis 1950, dans de nombreuses régions françaises. Dans le passé, toutes les précautions n’étaient pas prises pour éviter des fuites accidentelles ou chroniques vers les sols et les eaux souterraines des solutions de traitement et des eaux de lessivage des bois traités."

Depuis, "l’usage du pentachlorophénol a fait l’objet de fortes restrictions en Europe. Il n’est plus produit en France et n’est plus utilisé en France que pour des activités bien particulières, avec notamment le traitement de textiles utilisés par l’armée ou comme bâches dans le transport de marchandises.  Son usage sera totalement restreint en Europe après 2008. Après cette date, quelques difficultés résiduelles pour parvenir à une suppression totale des rejets pourraient encore subsister : 

• présence de PCP dans du bois, des produits textiles ou du cuir importés depuis des pays n’en ayant pas banni l’usage,

• rejets de PCP par des matériaux ayant été anciennement traités au PCP.

Concernant l’usage actuel pour les textiles militaires et les bâches, dont la terminaison est prévue pour 2008, la profession estime ne pas disposer aujourd’hui des produits de substitution adéquats. Il y a donc un risque que le problème lié à ce cas particulier ne soit réglé qu’après 2008. Si le PCP a été remplacé quasiment intégralement, il faut tout de même souligner que la majorité des substituts se caractérisent pas leur forte toxicité pour les organismes aquatiques."

Données de l'INERIS

"les déchets de bois traités, c’est à dire les bois imprégnés ou recouverts de substances contenant notamment des métaux lourds (PCP, lindane, créosote, sels métalliques) sont considérés comme "déchets dangereux" et impliquent la responsabilité du producteur jusqu’à leur élimination. Ces déchets dangereux doivent être séparés des autres déchets et faire l'objet d'un traitement particulier, sachant que leur incinération est fortement réglementée. Les bois traités ne sont normalement pas acceptés en déchèterie et ne devraient pas être brûlés car les substances toxiques peuvent être rejetées dans les fumées et les cendres et peuvent de ce fait contaminer l'air, le sol, la nappe phréatique, et dans certains cas pénétrer la chaîne alimentaire."

"il serait fort utile en matière de santé publique de se concentrer sur les vrais problèmes : ceux des produits les plus dangereux qui ne seront pas interdits ou restreints en 2008, et qui sont encore à l'intérieur des habitations, notamment : le PCP, le formaldéhyde, les 4 insecticides très dangereux (l'hexachlorocyclohexane, le xylène, l'aldrine et la dieldrine), l'ensemble des arseniates de zinc ou de cuivre."

Environnement et techniques

Souvenons-nous du rapport"Toxiques en héritage" publié par Greenpeace et le WWF en 2005, une étude menée par l'Hôpital académique de Groningen et le laboratoire TNO. Le rapport démontrait la présence de phtalate DEP dans le sang de cordons ombilicaux. La même année, Greenpeace publiait le rapport "Parfum de scandale". Celui-ci présentait les résultats des analyses de 36 parfums mondialement connus et démontrait la présence de substances chimiques, notamment des phtalates et des muscs de synthèse.

De nombreuses études ont prouvé que le DEP (phtalate de diéthyle de la famille des phtalates, perturbateurs endocriniens notoires), pénètre rapidement dans la peau et se disperse dans le corps pour ensuite se transformer en MEP (monoéthyl phtalate), une molécule suspectée d'endommager l'ADN des spermatozoides et de limiter les capacités pulmonaires de l'homme. Quant aux muscs de synthèse, ils s'accumulent dans les tissus vivants.

Les phtalates les plus répandus font toujours l'objet d'études par divers organismes de santé publique et internationaux afin de clarifier leurs toxicités et leurs effets sur la santé et l'environnement. Il faut dire que leur omniprésence dans les produits de consommation suscitent des inquiétudes. Les phtalates sont aussi utilisés en tant que plastifiants et se retrouvent dans diverses matières plastiques souples, en particulier le PVC. Ils sont donc employés pour les produits automobile, les revêtements de planchers et murs, les isolants pour câbles et fils souples, les produits de grande consommation en plastique, les matériaux médicaux, les jouets et produits pour enfants et les emballages alimentaires...

Depuis 2007, la réglementation canadienne sur les cosmétiques exige un étiquetage indiquant la liste complète des ingrédients pour tous les cosmétiques vendus dans le pays. La Société canadienne du cancer soutient le droit à l'information des consommateurs sur la composition des produits ; elle souhaiterait qu'une liste des ingrédients autorisés soit mise à disposition du grand public et que les cosmétiques contenant des substances cancérogènes connues portent l'avertissement sur l'étiquette. J'imagine les parfums de grande marque portant l'étiquette "Toxique". Pour résumé, nous sommes en 2008 et l'évolution industrielle n'est toujours pas soucieuse de notre santé.

Mais il serait injuste de ne citer que les phtalates et les muscs alors que les cosmétiques recèlent de substances toxiques (certaines dérivées du pétrole) : mercure et composés organiques mercuriels, plomb et composés organiques du plomb, parabènes, pentachlorophénol (PCP), biphénylés polychlorés (PCB), propylène glycol, polyéthylène glycol, glycol, éther de glycol, éthoxylates d’alkylphénol, nonylphénol/ethoxylates de nonylphénol et substances assimilées, petrolatum, alpha hydroxy acid, sels d'aluminium, hydrocarbures aromatiques polycycliques, sodium laureth sulfate, formaldéhyde, diethanolamine, triethanolamine, dioxyde de titane, kaolin, triclosan, fluorure de sodium, alkylphénols, dibenzofuranes polychlorés, dibenzodioxines polychlorées, PVC, bisphénol A, isomères de l’hexachlorocyclohexane, cadmium, composés organoétains, huiles minérales, paraffines chlorées, silicone, alcool, vaseline, collagène, retardateurs de flamme au brome, etc...

Cosmétiques : éviter les composants à risque

Produits de beauté : les dangers, effets, conséquences

Rendons-nous à l'évidence, nos modes de vie réduisent à peau de banane notre santé. Certes, l'espérance de vie aujourd'hui est plus sympathique mais les maladies émergentes plutôt déprimantes."Toutes ces pathologies prétendument inévitables et incurables, ne sont pas dues à la fatalité"

Notre santé se dégrade tout comme notre environnement, mais comment vivre aujourd'hui sans être intoxiqué et sans polluer ? Les réponses sont insuffisantes et sont souvent de fausses solutions. Notre "vie matérielle" tourne autour de l'industrie chimique, notre alimentation autour des additifs artificiels. L'absence d'une politique environnementale responsable, protégeant les ressources mondiales et limitant les recours aux produits chimiques nocifs et polluants, nous fera t-elle courir à la catastrophe ? Il nous reste la solution de décider de notre empreinte écologique en contrôlant notre pouvoir d'achat. Nul besoin de vivre dans le noir, seulement d'adapter notre consommation à nos réels besoins, de bannir les marques industrielles, de ne pas utiliser de produits chimiques, de favoriser les produits recyclables et de responsabiliser notre entourage. Gardons à l'esprit ce qu'inflige notre mode de vie à l'environnement. Si nous comprenons que notre santé dépend directement de la santé de la Terre, alors peut-être pourrons-nous encore espérer mourir de vieillesse pendant notre sommeil.

Quelques polluliens :

Le livret pedag'eau - Tout va à la mer

Ministère de l'Ecologie - Risques et pollutions - Risques industriels

Registre français des émissions polluantes

Le mercure et l'environnement

Rapport 2008 sur la simulation du classement des plages françaises

Chlore, propriétés chimiques, effets sur la santé et l'environnement

Déchets, incinération et santé

Les particules de l'air augmentent le risque de mortalité en France

Alerte au mercure dans les poissons

NaturaVox - Vers une interdiction totale de l’amalgame au mercure ?

"la maison empoisonnée", pollution de l'air intérieur et santé

Basol - base de données sur les sites et sols pollués en France appelant une action des pouvoirs publics

Etats-Unis : des polluants dans l'air des parcs nationaux

Quelques toxiliens :

Pesticides au menu

Pestinfos - Actualités des pesticides

Vigitox : mettons les toxiques hors la loi - Actualité

Guide Cosmetox | Greenpeace

Consensus Scientifique sur les Fluorures

Qualité de Vie Environnement

BULD'AIR - Le bulletin de la qualité de l'air en France

Quelques bilans des rejets industriels

TOXNET : base de données sur les molécules toxiques et leurs risques sur la santé et l'environnement (en anglais)

Une animation Greenpeace

qui nous rappelle que jeter à la poubelle n'est pas la fin de tout.

Campagne Toxiques - Incinérateurs

Carte des Incinérateurs en France

Que cachent les étiquettes des produits d'entretien conventionnels ?

Notre baril de lessive du supermarché contient de l'eau, du sulfate de soude (qui n'a aucune action sur le nettoyage mais qui accroit la salinité et empêchent les grains de poudre de coller (parfois il représente 40 % du volume)) et des substances nocives pour notre santé et celle de notre planète, comme par exemple : 

• les EDTA, NTA TAED, substances pétrochimiques, difficilement biodégradables. Elles se fixent sur les métaux lourds (plomb, mercure...), les libèrent de la vase pour finir malheureusement ingérés par les organismes vivants.

• les phosphates, tripolyphosphates sont responsables du phénomène d'eutrophisation des cours d'eau (les algues se nourrissent de ce trop plein d'éléments nutritifs, et cette prolifération d’algues dans les rivières consomme toute l’oxygène entrainant l'asphyxie de la faune aquatique). 1/3 de ces phosphates retrouvés dans l'eau provient des détergents ménagers.

• les phosphonates (les remplaçants des phosphates) sont très difficilement biodégradables.

• les azurants optiques (ils n'ont aucun pouvoir lavant mais un effet purement optique : ils absorbent les ultraviolets invisibles et réfléchissent de la lumière visible blanc bleutée, ce qui donne l'impression de linge plus propre parce que plus blanc ). Ils peuvent avoir une incidence cutanée (allergies).

• les enzymes qui peuvent être génétiquement modifiées et être responsables d'allergies.

• les colorants et parfums de synthèse.


Dans d'autres produits de détergence conventionnels, on retrouve aussi :

• des composés organiques volatives (COV) qui peuvent avoir des incidences sur le système respiratoire : le formaldéhyde n'apparait pas en tant que tel sur les étiquettes il se dégage par réaction chimique.

• eau de Javel dont les solvants chlorés tuent les bactéries utiles et forment des organochlorés particulièrement toxiques lors d'un mélange avec un acide (exemple du gel WC par exemple).

• de l'acide chlorhydrique, de l'acide phosphorique

• enzène, toluène et hydrocarbures aromatiques en général

• éthylène glycol et éthers de glycol en général

• isopropanol

• tensioactifs d’origine pétrochimique : agents lavants (attaquent les membranes des cellules d’organismes aquatiques).

• déboucheur contenant de la soude et des caustiques puissants, ils sont très dangereux car peuvent provoquer des brûlures et abîment les canalisations à terme.

• détachants toxiques : perchloréthylène, trichloéthylène, white-spirit, monochlorobenzène et acide oxalique : agressent les voies respiratoires et peuvent provoquer des réactions allergiques.

Faire le ménage n'est donc pas sans risques même si les produits sont vantés par une publicité omniprésente sur les molécules qui lavent, assouplissent, désinfectent, font briller, purifient, aseptisent, désodorisent. Sans réfléchir, nous introduisons chez nous des substances chimiques capables de polluer notre air durant des mois. Le Grand Ménage propose un manuel du ménage écologique et efficace.