Marta Leonor González – Les miroirs que j’ai été

Par Stéphane Chabrières @schabrieres

Je me reconnais dans ces miroirs que j’ai été
comme ces barques secouées par les rochers,
surveillées par un phare qui annonce une flambée,
chanson à peine écoutée, apprise dans des lieux ancestraux.

Aux jours, je dois la vigueur
des couleurs irremplaçables, des verts que je ne verrai pas
de la main qui m’embrasse puis très vite tombe en cendres.

Je ne suis pas ces horizons que je cherchais auparavant
adieux de l’éternelle beauté,
équation qui indique la trajectoire d’une vénus
lucarne d’infinies définitions, visage troublé de femme
labouré par la colère, charpente de mes semblables.

Du jardin secret des fleurs, je ne connais pas les couleurs,
comme je connais celles de mon corps, lorsque la terre le dévorera
et que mes amis, après mon enterrement, trinqueront à la vie
en copulant avec une adolescente dans un motel aux draps sales.

*

Los espejos que fui

Me reconozco en los espejos que fui
como esas barcas mecidas por rocas,
vigiladas por un faro que anuncia fogatas,
canción apenas escuchada, aprendida en lugares antiguos.

A los días les debo vigor
en los colores irrepetibles de los verdes que no veré
en la mano que me abraza y luego es ceniza.

No soy ese límite de horizontes que antes buscaba
adiós de eterna belleza,
ecuación que indique la trayectoria de una almeja,
tragaluz de infinitas definiciones, turbado rostro de mujer
herido por la cólera, solera de otros.

Del jardín secreto de las flores no sé sus colores
que sé de mi cuerpo cuando la tierra lo devorará
de los amigos que después de mi entierro brindarán por la vida
o copulen a una quinceañera en un motel de sábanas sucias.

***

Marta Leonor González (née à Boaco, Nicaragua en 1973)Colombes équilibristes / Palomas equilibristas (Meet, 2013) – Traduit de l’espagnol (Nicaragua) par Any Collin.