Le petit chat est mort épisode 17 : la bouse apocalyptique

Par Abdesselam Bougedrawi @abdesselam

LE PETIT CHAT EST MORT ÉPISODE 17 :  LA BOUSE APOCALYPTIQUE

Vous le savez bien, j’ai un petit chat qui lit en cachette Sigmund Freud. Tout a commencé par une belle soirée d’hiver durant le confinement. Mon petit chat, comme à son habitude ; assis dans mon fauteuil ; lisant mon journal avec mes lunettes de lecture de près , fumant ma pipe, que je lui bourre bien entendu ; les pieds bien au chaud avec mes pantoufles, que je lui revêts bien sagement. Quant à moi, bien allongé sur ma belle carpette, rêvant à ses ouvrières communistes de chez Renault, bien rondes et bien tassées, espérant qu’elles auront des accidents de tétons. L’apothéose quoi.

Je lui ai dit : je pense qu’un bon steak ferait l’affaire comme dîner.

Je n’aurais pas dû !

Il me répond : manger de la viande c’est la fin de l’humanité.

Je dois dire que j’étais perplexe, je ne savais pas que la bouse de vache pouvait exterminer notre race humaine carnivore, épargnant, je suppose, le petit chat, qui lui mange des souris toutes nues. Je crois que mon petit chat malgré Sigmund Freud est un frustré puisqu’il n’a pas le plaisir des accidents de tétons.

Mon petit chat se lance dans un discours apocalyptique sur la fin du monde boueuse, mimant le Léviathan, se dédoublant en quatre comme les quatre cavaliers de l’Apocalypse. Et moi dans mon coin je me sens damné, le péché originel quoi. Sans vouloir faire de jeux de mots idiots, le péché de chair quoi. Et pourquoi pas, celui de cher.

Bref je me sens dans l’âme d’un ver de terre qui sera avalé par une grenouille sans que cela menace la terre.

En fin de compte, si je mange de la vache, c’est vache pour notre planète. Peut-être faudrait-il en plus voyager dans la soute à charbon comme la Greta.

Le soir, quand je fus dans mon lit, je me suis mis à réfléchir à cette leçon psycho de mon petit chat, qui rappelons-le, lit Sigmund Freud en cachette : « une vache après tous c’est mignon, ça égaye les voyageurs de train. Élever des vaches comme des copines, les engraisser comme une vieille connaissance, ensuite les envoyer dans un autre monde pour les déguster, je trouve ça très vache. Et certainement pas très fair-play. »

Du coup, je ne peux plus manger un steak saignant sans penser aux beaux yeux des vaches, et j’ai pris la décision de ne plus manger de viande. Pas pour sauver l’humanité, mais parce que, comme j’ai dit ce n’est pas fair-play.

Depuis, mon petit chat ne lit plus Sigmund Freud, du moins pour le moment, il me regarde avec des yeux pleins d’admiration. Il m’a même dit une fois : « patron je t’aime »

peut-être que je devrais revenir à manger les .. Mais bon, il y a toujours les yeux de la vache. Je ferai mieux de lire comme mon petit chat Sigmund Freud en cachette.