Hilda Hilst – Ce qui me vient…

Par Stéphane Chabrières @schabrieres

Ce qui me vient, je dois te le dire EN DESIR,
Sans recul, ni pudeur, ni retenues. Parce que mieux vaut faire montre
D’insolences dans les vers, que de mentir vraiment. C’est pourquoi je dirai
Ce qui serpente jusqu’à moi, dans l’intimité, et traverse les gués
De l’imagination. Je me couche en me pensant bromélies vives
Et me recrée corporelle et incandescente.
Sais-tu comment est née l’idée des cathédrales aux flèches aiguës?
D’un fou qui incendiait un pin d’épines.
Architecte de moi-même, je me bâtis à l’image de tes Maisons
Et tu t’y introduis en chair et demeure. Dolente suis
Et toi plaintif, après t’être repu
De mon jeu de leurres. Et chaque nuit tu reviens
Dans un faux-semblant de douleur. Paradis de la jouissance.

*

O que me vem, devo dizer-te DESEJADO
Sem recuo, pejo ou timidezes. Porque é mais certo mostrar
Insolência no verso, do que mentir decerto. Então direi
O que se coleia a mim, na intimidade, e atrasvessa os vaus
Da fantasia. Deito-me pensada de bromélias vivas
E me recrio corpórea e incandescente.
Tu sabes como nasceu a idéia das pontiagudas catedrais?
De um louco incendiando um pinheiro de espinhos.
Arquiteta de mim, me construo à imagem das tuas Casas
E te adentras em carne e moradia. Queixumosa vou indo
E queixoso te mostras, depois de te fartares
Do meu jogo de engodos. E a cada noite voltas
Numa simulação de dor. Paraíso do gozo.

***

Hilda Hilst (1930-2004) – Traduit du portugais (Brésil) par Michel Riaudel.