J'avais déjà évoqué la figure de Madhusûdana Sarasvatî, (XV-XVIè siècles). Ce maître de l'Advaita Vedânta, considéré comme un "libéré vivant" (jîvan-mukta) pleinement établi dans l'absolu sans formes (nirgunabrahmânishtha), était aussi un dévot de Krishna qui voyait dans l'amour divin (bhakti) une voie spirituelle à part entière, peut-être supérieure même à la voie de la connaissance, comme le suggère plusieurs versets qu'il composa :
"Certains yogis, leur esprit maîtrisé grâce à l'exercice de la méditation, contemplent la Lumière suprême, vierge d'attributs et d'action.
Je leur souhaite de la contempler !
Mais moi, je souhaite que cette splendeur merveilleuse qui joue sur les rives de la Yamunâ me régale encore longtemps mes yeux !"
"Certains sont purs de corps et d'esprit et aspirent à la libération en contrôlant leurs sens, se détachant des plaisirs de ce monde et grâce au yoga. Mais moi, j'ai été délivré en savourant le nectar ambrosiaque - la gloire sans limites de Nârâyana !"
Il a ainsi composé une Alchimie de l'amour divin (Bhagavadbhaktirasâyana) et on lui attribue ce verset :
"Avant l'éveil, la dualité est une prison.Mais après l'éveil, elle est sagesse.
Imaginée en vue de l'amour divin,
la dualité est plus belle
que la non-dualité elle-même."
Ainsi ce maître, originaire du Bengal et passé maître en logique et en Advaita Vedânta, fut-il finalement séduit par la Forme du Sans-forme.
Enfin, voici un article pour aller plus loin.