La première position politique est de reconnaître le droit des pays en développement tels que la Chine et l'Inde à accroître librement leurs consommations, à émettre sans contrainte des gaz à effet de serre, avec pour objectif un rattrapage plus ou moins rapide du retard accumulé par rapport au pays de l'OCDE qui eux, avec leurs 1,2 milliards d'habitants, conservent leurs niveaux de consommation actuels. C'est le scénario catastrophe que nous vivons.
La deuxième position extrême, comme l'a déclaré un lecteur de ce blog c'est "de vivre Gandhi", est de ramener toutes les consommations au niveau de celle de l'Inde ou à peu près (garderait-on les ambulances et les hôpitaux?). Position de pur idéologue qui n'a que bien peu de chance de trouver son public.
La seule voie possible est de trouver le ou les scénarios qui permettraient de réduire cette dispersion des consommations en partant des deux extrêmes à savoir une réduction des consommations des pays OCDE et une croissance maîtrisée des PAYS NON OCDE, tout en conservant ou en réduisant légèrement la consommation moyenne mondiale par habitant pour tenir compte des mouvements de croissance démographique. Un scénario résultant d'un accord mondial entre nations qui fixerait un certain nombre de règles et d'objectifs serait préférable à l'alternative d'une résolution barbare du problème.
Une approche, parmi d'autres variantes possibles, serait de demander aux pays de l'OCDE de mettre en place des politiques permettant de réduire leurs consommations tous les ans d'un million de barils par jour, avec pour objectif de porter à terme les consommations moyennes de l'OCDE à 10 barils par habitant et par an. Un tel scénario qui est très proche ce ce qui est en train de se passer spontanément, sous la pression des prix en 2008, demanderait 16 ou 17 ans pour atteindre l'objectif de réduction d'un tiers des consommations. Cette réduction des consommations de 16 à 17 millions de barils par jour des pays OCDE pourrait être en tout ou partie utilisée pour accroître le niveau de vie des pays les plus défavorisés. La répartition des consommations en millions de barils par jour OCDE/NON OCDE de 49/36 actuelle pourrait ainsi devenir 33/50 en un peu plus de 15 ans (FIG.).
La réduction d'un tiers en seize ans des consommations de pétrole des pays de l'OCDE est un objectif réaliste. Elle devrait même être supérieure à un tiers (50%) en Amérique du Nord, ou le gaspillage est le plus important et où les progrès immédiats sont les plus faciles.
La vertu d'un tel scénario est de maintenir stable ou légèrement décroissante la consommation mondiale de pétrole dans les quinze ans à venir (FIG.).
Si les nations ne s'engagent pas raisonnablement vers de tels objectifs, au travers d'un accord mondial sur l'Energie qui dépasserait les problèmes d'émissions de CO2, la poussée des prix sur le Marché, les crises économiques qui en résulteraient et la naissance de conflits armés destructeurs se chargeraient d'assurer l'inéluctable équilibre entre l'offre et la demande. Une politique de l'énergie sera obligatoirement mondiale.
PetroLogistics qui suit les mouvement de tankers dans le monde et anticipe ainsi les livraisons de pétrole, estime qu'au mois de Juillet, les livraisons de l'OPEP devraient croître de 200 mille barils par jour. L'Arabie Saoudite aurait du mal, comme toujours, à vendre son pétrole riche en Soufre faute d'un nombre suffisant de raffineries équipées de conversion profonde dans le monde . "Les Saoudiens pourraient produire plus mais ils ne peuvent pas tout vendre, la demande n'est pas là" a affirmé Conrad Gerber, le fondateur de PetroPlus à Genève, à l'agence Bloomberg. Les nouvelles raffineries en construction au Moyen Orient ou en Asie, les raffineries en phase de modernisation en Europe ou aux Etats-Unis seront quasiment toutes équipées de conversion profonde, utilisant des charges moins chères et pouvant produire plus de gasoil ou de kérosène. C'est un des points clés techniques d'adaptation globale de la demande mondiale aux ressources disponibles.