L’Union Européenne (UE) et la Coopération allemande avouent ne pas être convaincues de l’efficacité de l’outil informatique mis en place par le pays.
Par conséquent, le bois du Cameroun ne peut accéder au marché de l’UE sans certification de sa légalité. Comme dans un univers de tourbillonnement aux allures évanescents, le Cameroun a lancé jeudi 1er avril du mois en cours, la 2e génération de son système informatisé de gestion de l’information forestière (Sigif 2), qui vise à assurer la traçabilité et la légalité du bois local, apprend-on des sources proches du dossier au Ministère des Forêts et de la faune (Minfof). Mais à peine lancé, se système se heurte déjà aux réticences de la coopération allemande et de l’Union Européenne qui ont financé ce projet. Qui finalement donne le ton ? « Si l’UE et la coopération allemande se réjouissent que le Cameroun puisse se doter d’un outil national qui lui soit propre, visant à répondre à ses besoins internes, la version présentée du Sigif 2 n’est pas l’instrument attendu dans le cadre de l’Apv Flegt », dévoilent les experts. Concrètement, il s’agit d’un accord de partenariat volontaire visant à enrayer l’exploitation forestière illégale, dont le non-respect entraîne la non-admission du bois suspect sur le marché européen.
A en croire l’UE et la coopération allemande, « les certificats émis par le Sigif 2 ne pourront pas être reconnus ou validés dans le cadre du règlement bois de l’Union européenne (Rbue), et encore moins dans cadre de futures autorisations Flegt, qui permettraient de faire des économies et un accès direct et prioritaire au marché européen. Ces derniers ne pourront donc pas être émises avant qu’un autre instrument ne soit mis en place, ou bien qu’une refonte intégrale de l’outil soit effectuée, sur la base d’une étude benchmark conduite par le ministère de l’Economie de la planification et de l’aménagement du territoire (Minepat) ».
Désaccord, mésintelligence et brouillerie
En clair, le nouveau système de traçabilité mis en place au Cameroun, en raison de certaines défaillances, n’ouvre pas au bois camerounais le marché de l’Union européen, l’un de ses principaux acheteurs. A moins que le système ne soit entièrement refondu ou alors tout simplement remplacé. En effet, apprend-on, ce système développé par le Cameroun depuis 2015 fait longtemps l’objet de divergences entre le Minfof d’une part, de l’UE et de la coopération allemande d’autre part. « Ces derniers ont exprimé ouvertement leur différends tout au long du processus de développement et d’évaluation du Sigif 2, tout en offrant leur appui matériel, financier et technique pour faire disparaître ces discordances. En effet, c’est sur un financement de la coopération financière allemande (Kwf) que le Minfof a contractualisé un prestataire, pour un contrat de 14 mois. Ce dernier a connu 34 mois de prolongation, en raison des validations compliquées de livrables intermédiaires par la commission de réception. Finalement, la version du Sigif 2 livré en novembre 2018 n’a pas été réceptionnée par le comité ad-hoc, pour non-conformité au cahier des charges. Les tests réalisés par un consultant indépendant ont révélé des dysfonctionnements majeurs. Depuis lors, la Kwf, En tant que partenaire financier, n’a plus jamais été tenue informée de l’évolution de ce marché », peut-on lire dans la déclaration de l’UE en marge du lancement officiel du Sigif 2 au Cameroun.