Un titre à sensation, n'est-ce pas ? Comment se balader ou flâner dans les quartiers nord de Marseille sans immédiatement penser au trafic de stupéfiants, aux règlements de compte dont les médias raffolent. Comme si un dealer ou un meurtrier était posté à chaque angle de rue, comme si aucune vie normale n'y était possible ou envisageable. Quartier mal-aimé de Marseille, les Aygalades sont pourtant autre chose que ce spot de noirceur. Les Aygalades sont aussi un lieu de vie où la solidarité et la joie de vivre font briller le soleil plus fort, où les tours en béton construites sur les ruines des châteaux du passé deviennent grâce aux habitants des forteresses d'entraide. Des forteresses où les voix et les peaux bigarrées s'entremêlent, où le chant des oiseaux persiste malgré les fins de mois difficiles et la crainte de l'avenir.
Aux Aygalades on respire, on discute, on s'emporte, on danse sur des mélodies gitanes, on espère, on prie différents dieux et l'horloge de l'église multi-centenaire est une boussole à laquelle on tient pour ne pas perdre le nord. Grâce au travail formidable du centre culturel et à celui des associations, grâce à leur détermination et à leur inventivité, les gens du quartier nord, comme on dit, peuvent se réunir, cultiver un bout de jardin, partir en vacances et découvrir d'autres horizons. Ils sont beaux les habitants des Aygalades, beaux de leurs accents aussi chatoyants que ceux des romans de Pagnol, beaux de leurs projets et de leurs rêves. Aux Aygalades le rêve n'est pas interdit et c'est ce que dit cette balade sonore imaginée, composée et montée par les talentueuses étudiantes du Master en médiation culturelle de l'Université de Marseille. 4 filles dans le vent, Léa, Cassandra, Amorine, Lauriane, qui ont eu l'idée de valoriser ce quartier, de le mettre enfin à la Une sous un angle différent. Cette idée je l'aime parce qu'elle est humaine, parce qu'elle est espérance, parce qu'elle est poésie. Parce que débarrassé de l'image et de son zoom impudique, ce quartier nous apparait autre. On y perçoit sa douceur et sa force. Une sève qui vient de sa jeunesse pour laquelle l'avenir n'est pas simple mais dont on pressent que tôt ou tard elle s'éveillera vers le beau. Aux Aygalades, dans ce petit pays nostalgique et bouillonnant, le mistral souffle fort. C'est un vent qui chasse les nuages gorgés de pluie grise.
Astrid Manfredi, copyright tous droits réservés, le 05 avril 2021. Un grand bravo à Christian, Patricia, Sity, Khadidja, Mina, Hervé, Sylvie, Gaétan, Dalila, Zakia, Marjorie les habitants et travailleurs sociaux des Aygalades, les habitants-narrateurs de cette balade sonore au grand cœur. Le teaser : Gérard, aussi connu sous le nom de Gégé, s'endort un jour dans le bus et se réveille aux Aygalades, un quartier situé au nord de Marseille. Ayant pour habitude de se promener, il part alors à la découverte de cet endroit et de ses habitants qui lui révéleront de nombreux secrets...