Un mois après avoir sollicité le huis clos pour souci d’éviter le trouble à l’ordre public, le Directeur général du Port autonome de Douala a encore brillé par son absence devant la barre le 1er avril dernier.
Un énième renvoi qui cache mal la main de ses soutiens tapis au sein de la présidence de la République. A quoi joue Cyrus Ngo’o ? La question pour lancinante qu’elle est, sonne comme une interrogation rhétorique aux yeux de ceux qui suivent cette affaire depuis bientôt un an. Attendu à la barre depuis l’ouverture de ce dossier, le Dg du Pad a pris la fâcheuse habitude de se dérober, brandissant pour justifier ces absences incessantes, des faux fuyants qui finissent visiblement par agacer le Tribunal de première instance (Tpi) de Douala-Bonanjo siégeant en matière correctionnelle en la salle ordinaire de ses audiences au palais de Justice.
Un mois environ après le dernier report contenu dans une note d’information signée de Me Serge Fohom, conseil du Dg à l’endroit de Me Elisabeth
Blandine Essono, conseil du plaignant, le patron du Pad qui avait donné pour alibi un « déplacement pour cause professionnelle » non sans renvoyer l’audience à huis-clos « compte tenu du risque de trouble à l’ordre public lors des débats », a tout simplement répondu aux abonnés absents le 1er avril dernier. Si pour cette fois, les raisons de ce énième impair n’ont pas été révélées, beaucoup d’observateurs y voient un stratagème pour essouffler le plaignant qui accuse Cyrus Ngo’o d’abus de pouvoir et abus de fonctions.
La main noire de Ngoh Ngoh ( ?)
Des observateurs avertis justifient cette posture du numéro 1 du Pad, comme une volonté affichée de démontrer qu’il bénéficie du soutien de
Ferdinand Ngoh Ngoh, ministre d’Etat Secrétaire général de la présidence de la République dont on connait l’influence et la mainmise dans les grands dossiers du pays. Chef d’orchestre et acteur incontournable dans le management portuaire, notamment la concession du très convoité Terminal à conteneurs, l’homme qui a reçu délégation de signature du Chef de l’Etat, serait la main noire qui tire les ficelles dans l’ombre.
Recevant en retour une sorte d’allégeance à son égard.
Lui qu’on présente dans les arcanes du pouvoir comme le Vice-Dieu au nom de son hyper puissance qui a fini par créer fatalement une condescendance à l’endroit de certains caciques du régime plus occupés désormais à raser les murs chez le proche collaborateur du président de la République qu’il est. Patron de l’administration à la présidence de la République, véritable ministre des marchés publics, le fils de Minta n’est-il pas le propriétaire de tous les dossiers, suppléant ainsi l’absence physique de Paul Biya en confinement prolongé ?
Contrats domaniaux : l’arbre qui cache la forêt
Le pire à craindre dans cette affaire Cana Bois, c’est que les absences répétées de Cyrus Ngo’o au tribunal finissent par créer le chaos tant redouté. Pour mieux comprendre cet état de choses, il faut parcourir minutieusement l’Article 4 portant textes applicables contenus dans la Convention (régie par les lois et règlements en vigueur) liant les entreprises occupant temporairement l’espace domanial et le Port autonome de Douala. Il est clairement souligné que les deux parties sont soumises entre autres à « l’Ordonnance N°74-2 du 6 juillet 1974 fixant le régime domanial ; la Loi N° 80-22 du 14 juillet 1980 portant répression des atteintes à la propriété foncière et domaniale ; la Loi N°83/016 du 21 juillet 1983 portant règlement de la police à l’intérieur des domaines portuaires et son Décret d’application N° 85/1278 du 26 septembre 1985 ; le Décret N° 75/498 du 03juillet 1975 portant classement au domaine public portuaire de Douala-Bonabéri les terrains s’étendant sur une superficie globale de 335
hectares; le Décret N° 2015/3580/PM du 11 août 2015 fixant les modalités d’enregistrement et le régime des garanties et sûretés applicables aux concessions et aux baux domaniaux ; le Décret N° 2019 :034 du 24 janvier 2019 portant réorganisation du Pad ; et enfin, la Résolution N° 0565-17/CA/Pad du 22 septembre 2019 portant accommodation des dépendances du domaine public portuaire de Douala-Bonabéri ».
Vers l’accaparement injustifié des biens de Cana bois
Autrement dit, il y’a des risques que l’autorité portuaire, s’adossant injustement sur ces textes, s’en serve pour s’accaparer des biens de Cana Bois. N’a-t-elle pas déjà ordonné il y’a quelques mois, l’apposition des scellés sur le portail qui donne accès aux infrastructures logées dans la zone d’occupation objet de l’autorisation au sens de la querelle ? Pourtant,Cana Bois et toutes ces entreprises dans l’œil du cyclone aujourd’hui, sont toutes soucieuses de la promotion des meilleures pratiques en matière de gestion et d’opérations portuaires depuis plus d’une vingtaine d’années. Le fait de leur servir pompeusement des mises en demeure au motif qu’elles ne se sont pas soumises aux exigences contractuelles en matière d’occupation domaniale au Pad, n’est ni plus ni moins que la preuve de l’existence des manœuvres dolosives ayant pour finalité, de leur arracher injustement leurs biens et en faire un patrimoine du Port autonome de Douala. Toute chose qui s’apparente à une cabale sans fondements.