Né en 1910 à Barcelone, Josep Bartolí est dessinateur et caricaturiste. Militant du parti communiste catalan, c’est un partisan convaincu de la République, qu’il défendra de toutes les manières possible.Après avoir commence très jeune à travailler comme dessinateur de presse, il fonde en 1936 le syndicat des dessinateurs de presse de Catalogne. Pendant la Guerre d’Espagne, il devient commissaire politique du Parti Ouvrier d’Unification Marxiste. Il s’exile en France en 1939 après l’effondrement de la République, où il est incarcéré dans sept camps différents en deux ans.Il parvient à s’enfuir grâce à la complicité d’un capitaine de l’armée française. Mais il est arrêté par la police et transféré dans le camp de Bram, où il commence à dessiner en cachette sur un carnet. Il poursuit son "œuvre de résistance" derrière les barbelés et réussit à s’évader de Bram.Arrêté près de Vichy par la Gestapo, il est envoyé au camp nazi de Dachau. Il parviendra à sauter du train et à échapper à une mort programmée. Après un long périple, il arrive en 1943 au Mexique, qui offre l’asile à de nombreux réfugiés espagnols. Il y côtoie Diego Rivera et Frida Kahlo, auprès desquels il participe à l’ébullition de la révolution mexicaine.Il s’installe ensuite aux États-Unis, où il rencontre Rothko, Jackson Pollock, Kline et De Kooning. Il meurt en 1995 à New YorkC'est un film très réussi pour de multiples raisons. C'est un hommage à un artiste peu connu de la jeunesse actuelle et qui méritait qu'on raconte son combat. Etant lui aussi dessinateur de presse Aurel a su comment faire passer un message qui ne soit pas uniquement artistique. Il utilise astucieusement une heureuse mise en abîme avec le personnage de Valentin, un adolescent, un peu rebelle, mais lui aussi douée pour le dessin.
La complicité s'installe entre le jeune homme et son grand-père (doublé par Gérard Hernandez avec grande sensibilité et une pointe d'humour), mourant, qui lui livre cette histoire dont il se saisit comme un héritage. C'est ce que l'on décode dans la scène finale qui se passe à New-York. Le spectateur se trouve donc à la fois dans une oeuvre de fiction et dans un récit historique.
Sergi Lopez incarne à la perfection l'artiste. Sa triple connaissance de l'espagnol (castillan et catalan) et de la langue française font merveille.
C'est aussi un film qui pêche par certains aspects. La mère de Valentin (Valérie Lemercier) est caricaturale. Le spectateur confond parfois l'histoire du grand-père et celle du gendarme (Bruno Solo) qui, bien qu'étant une seule et même personne, n'est pas doublé par le même acteur. C'est aussi un peu tiré par les cheveux de faire raconter cette histoire par un personnage atteint d'Alzheimer alors que son récit fourmille de détails. Il manque aussi des repères spatio-temporels pour distinguer nettement les cinq périodes de la narration. Le seul passage du noir et blanc (disons du sépia) à la couleur et le changement de trait ne suffisent pas. A moins de visionner le film plusieurs fois.
Et surtout on a du mal à savoir ce qui relève de l'invention et des vrais dessins de Bartoli. La rencontre avec Frida Kahlo semble être imaginaire alors qu'elle a bel et bien eu lieu et cet aspect méritait qu'on s'y attarde tant le rôle du Mexique fut important au plan politique.
J'ai regretté que ces "défauts" ne soient pas corrigés par des ajouts dans le coffret du DVD.
Le recours à l'animation pour délivrer un message politique à des adultes n'est pas nouveau. Il avait été très réussi par Zabou Breitman, pour sa première expérience dans l'animation, en 2019 en adaptant Les Hirondelles de Kaboul, le roman de Yasmina Khadra pour dénoncer l'obscurantisme religieux.
Malgré ces réserves il faut voir ce film. Le crayon est une arme. Le cinéma d'animation également.