Sylvain Martin examinait, dans le premier numéro de La correction (éd. Dernier Télégramme), les propos de Nietzsche sous la forme d’un « dysangile ». Voici ceux de Marx, présentés en 23 points dans lesquels la démonstration est faite de l’ambition religieuse du capitalisme, non seulement par les moyens mis en oeuvre mais aussi par la volonté de remplacer dieu partout. Ainsi arrive la notion de « libre-échange ». Marx écrit même : « la religion du libre-échange ». Pourquoi « libre » ? L’échange n’était donc pas libre, avant ? Cette religion, qui fait silence sur l’exploitation des « pauvres », est celle de l’aliénation. Mais est-il pauvre celui dont le travail nourrit les 10% les plus riches ? Est-il faible celui dont on exploite la force de travail ? La grande affaire, écrit Sylvain Martin, c’est l’imputrescible. La religion propose la vie éternelle après la mort, une vie où les corps ne pourrissent pas. Et l’argent n’ayant pas d’odeur, c’est qu’il ne pourrit pas. Il s’agit d’accumuler pour soi, tel est le credo du capitaliste. En conséquence, « la seule partie de la richesse dite nationale qui entre réellement dans la possession collective des peuples modernes, c’est leur dette publique ». C’est, vous l’avez lu dans le propos de Nietzsche, la faute impardonnable, la faute originelle. Cette lecture de Marx se conclut par l’ambition dévorante du capitalisme, dévorante du temps humain où tous les jours, sept jours sur sept, doivent être consacrés à son service, et dieu sera remplacé.