Partout dans le monde, la crise sanitaire a engendré une transition massive vers le télétravail et les collaborateurs qui ont pu bénéficier de ses avantages par contrainte souhaitent désormais son maintien dans le « monde d'après ». Comme d'autres entreprises, Nationwide s'adapte à la demande… et en profite pour introduire une option originale.
Une enquête interne de l'institution financière, confirmée par une étude réalisée auprès d'un échantillon générique de la population britannique, montre que les salariés sont totalement convertis à l'idée d'exercer leur activité à domicile. Seuls 6% d'entre eux désirent un retour permanent, 5 jours par semaine, dans les locaux de la société (dont ceux qui ne disposent pas de conditions de travail optimales chez eux) tandis que plus de la moitié aimeraient ne jamais avoir à s'y rendre (le reste privilégiant une combinaison) !
En réponse à ces résultats, Nationwide a donc décidé de laisser l'entière liberté de leur lieu d'exercice à ses 13 000 employés œuvrant dans ses bureaux. Cette mesure s'accompagne logiquement d'une décision d'abandonner certaines de ses implantations mais les locaux conservés, dont le siège, vont faire l'objet d'aménagements spécifiques (avec plus de zones de collaborations, d'espaces calmes…) de manière à les rendre plus attractifs et mieux adaptés aux besoins de leurs occupants « intermittents ».
Jusque-là, le programme ressemble à celui de beaucoup d'autres organisations. Cependant, en complément, Nationwide expérimente une nouvelle solution, dédiée aux personnes qui voudraient, par exemple, éviter leurs longs trajets et ainsi ré-équilibrer vie professionnelle et personnelle… mais ne peuvent travailler chez elles, pour toutes sortes de raisons. Un accueil au sein d'une sélection d'agences leur est dorénavant proposé, leur permettant de s'installer et remplir leurs missions aux côtés des conseillers.
Parmi les autres avantages d'un tel dispositif, Nationwide ne manque pas de souligner qu'elle espère revitaliser ses points de vente, qui ont aussi souffert d'une forte baisse de fréquentation avec la pandémie, et, par rebond, re-dynamiser sa présence locale, dans les communautés où elle est installée. Dans un contexte de réduction généralisée de l'empreinte physique des établissements financiers (la semaine passée a encore connu une annonce de Santander, entre autres), la tentative est certainement bienvenue.
Il faudrait ajouter un autre bienfait potentiel, plus subtil mais tout aussi important, à la liste. En effet, la proximité, créée par leur « co-localisation », entre les individus habituellement enfermés dans leur tour d'ivoire et les effectifs qui sont au contact quotidien des clients devrait provoquer une étincelle d'innovation incomparable. Les petites difficultés qui ne remontent jamais à l'interlocuteur ad hoc, les grandes idées qui s'égarent dans les méandres de la hiérarchie… pourraient (peut-être) enfin mieux circuler !
Au-delà même de l'inspiration et du partage qu'il peut stimuler, le brassage des populations (y compris avec les clients, incidemment) est également un excellent catalyseur de transformation de la culture d'entreprise, autant pour la propagation de la littératie « digitale », aujourd'hui indispensable dans tous les métiers de la finance, que pour la diffusion élargie des réflexes d'innovation. En fait, pour ces seuls motifs, le télétravail en agence mériterait d'être privilégié par rapport à toute autre approche !