Selon les sophistes postmodernes, on ne peut comparer les cultures, car une culture est un point de vue, fait de mots idiosyncratiques. Il n'y a rien de commun entre ces cultures, ces discours. Chaque culture est unique.
Il est donc impossible de les comparer. Un dialogue entre les cultures est impossible, en l'absence d'une langue commune.
Il est finalement impossible de se comprendre individuellement. Tout dialogue est vain, car il n'existe aucune loi universelle, aucune valeur commune, pas de mesure qui transcenderait les points de vue. Donc il n'y a pas de réalité objective, pas de vérité.
Si l'on suit jusqu'à son terme cette ligne de pensée, chacun est une culture, enfermée en elle-même. Le confinement n'est que l'aboutissement logique de ce cancer de l'esprit.
Et même, chaque instant est singulier, incomparable avec les autres. Je ne peux même pas me comprendre moi-même, ni comparer une expérience présente à une expérience passée. D'où ce trait de génie de la spiritualité contemporaine : "Il ne faut pas juger".
Tout est indicible. On ne s'étonnera donc pas que le langage connaisse un effondrement sans précédent.
Cela ne tient pas la route, en plus d'être destructeur.
Car 1) Si l'on ne peut pas se comprendre, on ne peut même pas comprendre que l'on ne se comprend pas. Or, le postmodernisme affirme que l'on ne peut pas se comprendre. Affirmation qui se réfute elle-même, comme "tout est faux", "tout est relatif", etc.
Et 2) il existe de fait des vérités universelles, des questions, des réponses et des arguments analogues dans des cultures éloignées dans le temps et dans l'espace.
Exemple :
Il y a une analogie frappante entre le verset 3 des Stances pour la Pleine Conscience (Sâmkhya-kârikâ, Inde, vers 400), et ce que dit Scot Erigène (vers 850, royaume franc) :
La kârikâ 3 des Sâmkhya-kârikâ affirme qu'il existe quatre entités dans le réel :
1) Ce qui n'est pas créé mais créateur = la Nature
2) Ce qui est à la fois créé et créateur = les parties subtiles de la Nature, l'intellect, etc.
3) Ce qui est seulement créé : les cinq sens, les cinq organes d'action, les dix éléments, subtils et grossiers.
4) Ce qui n'est ni créé, ni créateur = Les pures consciences individuelles
Le livre De la Nature de Scot Erigène affirme de même qu'il existe quatre entités dans le réel :
1) Ce qui n'est pas crée et qui crée : Dieu
2) Ce qui est créé et qui crée : le Monde Intelligible
3) Ce qui est créé et ne crée pas : L'Homme (ou la matière ?)
4) Ce qui n'est pas créé et ne créé pas : Dieu comme fin ultime ou la Déité.
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Il y a donc des analogies frappantes. Le postmodernisme est donc faux.