Selon le bouddhisme, rien n'est réel au sens où rien n'est permanent ni doté d'une essence simple. Toutes choses sont composées d'éléments. Ces éléments sont à leur tour composées d'éléments, qui eux mêmes sont composés, et ainsi de suite à l'infini. Rien ne résiste à cet examen. Donc, rien n'existe réellement.
Pourtant, il y a eu des Bouddhistes qui ont défendu l'idée que les contenus de la conscience sont certes irréels, mais que la conscience elle-même est bien réelle. La conscience est lumière, manifestation (prakâsha). Et, au terme de la pratique bouddhiste, tout contenu disparaît. Un Eveillé (buddha) n'est plus que conscience pure (prakâsha-mâtra). Cette thèse a été défendue par Ratnâkâra Shânti, un contemporain d'Abhinava Gupta.
Un autre Bouddhiste de la même époque critique cette thèse : pour lui, la conscience, même éveillée et purifiée, a toujours un contenu. Quand on est conscient, on est toujours conscient de quelque chose. Cependant, il admet aussi que la conscience est réelle. Elle n'est pas une erreur ou une fiction.
Ces philosophes, pour qui "tout est conscience" (citta-mâtra) sont peu connus. Et cela est fort dommage, car ils ont joué un rôle majeur dans la formulation de la philosophie du Tantra et dans celle du Yoga selon Vasishta.
En effet, la philosophie tantrique de la Reconnaissance (pratyabhijnâ) apparaît comme la solution aux problèmes soulevés dans ce débat. Par exemple, si la conscience est permanente, alors pourquoi ses contenus ne le seraient-ils pas aussi ? Et la réponse de la Pratyabhijnâ est la liberté, svâtantrya.
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