Ce festival Hauts-Seinais dédié à la marionnette et au théâtre d'objets m'a fait découvrir depuis de nombreuses années le travail de multiples compagnies exceptionnelles, en particulier dans le domaine de la marionnette, pour enfants comme pour adultes.
La compagnie les Endimanchés était très heureuse de présenter le spectacle créé en 2015. Pourtant sa reprise est un tour de force parce qu'il n'avait pas été joué depuis un certain temps et que cette discontinuité pénalise les comédiens. On le comprend au fil de la représentation qui est une immense performance que j'ai vue hier sur la Scène nationale du Théâtre 71 de Malakoff.
L'action a déjà commencé quand on pénètre dans la salle. On peut considérer que les machines chauffent sur un fond de musique tsigane. Le plateau est encombré d'objets de toutes sortes et ce n'est rien comparativement à ce qui va suivre. Nous voici déjà embarqués dans l’histoire et les méandres de l’exploration spatiale, sur fond de chansons et de musique postpunk, aux accents hard-rock, emportés par des textes dits et chantés parfois en français, parfois en russe.
Au début, je me suis demandé s'il s'agissait d'une histoire réelle ou fantasmée parce que j'ai reconnu des outils agricoles comme une cardeuse et un fléau. A ma décharge je n'avais pas lu en détail le dossier de presse (pour ne pas être influencée) et j'étais encore sous le coup des émotions des images reçue de l'expédition en cours sur Mars.
L'ensemble tient du cabinet de curiosité et d'un musée qui "réunirait tout ce qui a fait son temps ne peut plus servir, et qui serait pourtant espoir d'un avenir". L'emploi de scènes d'actualité d'époque est judicieusement ficelé. Il est émouvant d'entendre les tonalités de voix sorties du passé. Quant aux passages chantés par Itto Mehdaoui ce sont de purs joyaux tant sa tessiture est belle.
C'est une sorte d'oxymore théâtrale témoignant que le progrès pourrait (aussi) correspondre à une fin de monde. Une forme d'angoisse enveloppe quelques scènes tant il est vrai que la conquête spatiale aura provoqué comme dommages collatéraux.
Je suis sortie bouleversée par le travail de ce collectif, aussi bien chez les comédiens (mais comment peuvent-ils mémoriser un tel texte ?) que dans l'équipe technique. D'ailleurs les artistes sont tout autant régisseurs. Réussir à résumer un siècle d'aventures en une heure trente est une prouesse. Je n'ai que quelques bémols : l'absence de surtitrage et l'usage (que je comprends néanmoins) de micros HF qui, parfois, ont fait que je ne repérais pas qui parlait.
Je souhaite à la compagnie de pouvoir bientôt reprendre sa tournée. Leur spectacle peut décemment être étiqueté comme essentiel. Scrutez l'apparition d'un calendrier sur leur site !