Il y a environ un an, alors que la plupart de vols étaient supprimés, il devenait impossible d'envoyer des colis vers la plupart des pays, pire, une partie de ceux déjà confiés aux services postaux nous étaient rendus. Aujourd'hui, même si certains pays restent encore inaccessibles aux services postaux, rendant inévitable l'utilisation de services de transports bien plus onéreux, les choses se sont tout de même bien améliorées de ce point de vu en tout cas. Mais quelle déplaisante façon cela fut-il de débuter la saison 2020. La situation globale reste très préoccupante, et une saison normale de shincha, ce ne sera pas encore pour cette année.
Ceci étant dit, la saison 2020/21 ayant filé à une vitesse ahurissante, que peut-on en retenir sur Aozuru-chaho Thés du Japon ? En dehors de la situation sanitaire, la saison fut globalement difficile, avec une condition météo peu favorable, notamment une absence d'hiver sur 2019-2020. Il y eu des déceptions, comme chaque année me direz-vous, des thés manquant de punch parfois.
Pourtant, de mon point de vu, il me semble avoir réalisé sur 2020/21 une sélection de haute volée, et surtout, et c'est cela qui m'importe le plus, une sélection riche et diverse, bien équilibrée, et qui d'une certaine façon remplit bien une fonction d'éducation au sujet du thé japonais, sans pour autant faire la moindre concession quant à mes conceptions et convictions.
Autre belle satisfaction cette année, des thés un peu exotiques pour le Japon : quelques très bons oolong, et plus encore une large et très bonne sélection de thés noirs. C'est sur ces thés que je souhaiterais clore la présentation de ma sélection 2020/21 avec le renversant oolong de Hon.yama appelé "Haru-meguri" et deux robustes Benifûki de Shimada.
Les oolong cultivar Kôju et le Izumi de Hon.yama ont, en plus d'être des cépages japonais ayant des racines à Assam (via Inzatsu 131 pour le premier, et benihomare pour le second), la caractéristique d'être issus de plantations non taillées de type shizen-shitate. Cela leur donne un volume et un umami bien particuliers. Ils ont un caractère typiquement japonais.
Avec le "haru-meguri" outre le fait d'être une récolte d'automne, période plus calme qui permet de donner plus de temps et de soins aux phases de flétrissage et d'oxydation, est fait à partir d'un cultivar taiwanais, tout comme le Qingxin-wulong de Sashima évoqué précédemment. Sauf que là, je ne peux révéler le nom du cultivar (au travers des caractères chinois du nom Haru-meguri, il peut être aisément deviné).
Je propose depuis 2019 un excelle Benifûki de Shimada, mais les deux que je présente maintenant proviennent d'un autre producteur, lui aussi très réputé dans le domaine M. Imura.
Parmi tous ceux que j'ai pu proposer jusqu'à présent, ce first flush 2014 et plus encore ce second flush 2020 sont les plus robustes et puissants.
L'un est l'autre sont issus de récoltes de pousses et feuilles encore bien jeunes.
Avec une oxydation relativement faible, le first est à la fois floral et fruité, avec une touche camphrée aussi. Il y a au nez, mais aussi dans la longueur diaboliquement longue de ce thé noir quelque chose de sucré, comme des noix de pécan caramélisées, mais aussi en final une impression comme un vieil armagnac bien mûri en fût.
Pour ceux qui souhaitent découvrir, je propose actuellement un set Benifûki.
Je dois avouer néanmoins être un peu froissé par les ventes un peu lentes des thés noirs japonais en ligne, il est vraiment dommage de bouder ces merveilles. Il est vrai que quand je suis entré dans ce monde du thé il y a de nombreuses années, j'avais été sinon choqué, au moins étonné de voir sur internet l'espèce de snobisme que de nombreux "amateur de thé" semblaient montrer à l'égard du thé noir (en général, car à l'époque, de toute façon niveau thé noir japonais il n'y avait encore rien de correct à se mettre dans la théière)....
Bref ! Alors que les toutes premières récoltes commencent dans les zones les plus méridionales du Japon, les choses s'annoncent plutôt bien sur le plan météo. Il y a eu un vrai hiver, pas de dégât en raison de trop grand froid, et même si de nombreuses régions ont un peu manqué d'eau, il n'y a pas eu de dommages particulièrement important, bref on croise les doigts. Bien sûr avant le gros des récoltes, de la mi avril à la mi mai, il reste encore suffisamment de temps pour un retour du froid, et surtout, avec une saison particulièrement précoce comme cette année, les risques de givre sont très importants. C'est toujours avec une certaine hantise que j'attends cette période un peu particulière des nouvelles récoltes.