Le projet de loi évoque subsidiairement l’éventualité de développer des vaccins pour prémunir contre les pandémies qui font des millions de morts au Cameroun.
Sans tambours, le «Projet de loi sur la vaccination au Cameroun» fait son chemin à l’hémicycle. Le texte transmit aux parlementaires entend instituer l’administration systématique des vaccins aux populations. Le préambule du projet de loi indique à cet effet qu’il s’agit de lutter contre la «survenue d’une augmentation anormale de nouveaux cas d’une maladie dans la population humaine donnée au cours d’une période courte, et à une proportion qui dépasse largement les prévisions sur la base de l’expérience.» De même que le projet déposé sur la table des députés indique vouloir prémunir les populations contre toute «pandémie qui s’étend à la quasi-totalité d’une population d’un continent ou de plusieurs continents, voir dans certains cas de la planète.»
Du coup, pas besoin d’être devin pour établir le corollaire entre la posture réfractaire de la majorité des camerounais aux vaccins contre le coronavirus. Un refus accentué par les effets pervers de certaines molécules dans les pays ayant inauguré son inoculation. Visiblement peu pour dissuader le gouvernement qui précise à l’article premier du texte que la loi introduite pour validation à l’Assemblée nationale «a pour but d’assurer l’administration obligatoire des vaccins faisant partie du calendrier national de vaccination.» De même que le texte énonce le caractère exigible et l’observation obligatoire des vaccinations contenues dans le calendrier national dans les établissements de santé des secteurs publics, privé, et confessionnel.
Procédure officielle
A la lecture du texte soumis aux députés, le carnet de vaccination va rentrer dans le cadre des pièces exigibles pour tout acte administratif. Comme le signe de la bête dans les saintes écritures grécoromaines, il doit être vérifié en toute circonstance. Pour faire admettre son enfant à la crèche, inscrire à l’école maternelle ou primaire, au lycée ou au collège et même pour être admis dans les universités et les établissements d’enseignements supérieurs. Le projet de loi sur la vaccination au Cameroun souligne d’ailleurs que cette exigence est de mise «Quand les conditions épidémiologiques le justifient, et tous les autres cas où les autorités sanitaires jugent nécessaires la vérification de la vaccination.»
Comme un avertissement, le texte en voie de passer à l’Assemblée nationale et au Sénat, selon la procédure officielle, exigent que tout usager ayant perdu sa carte de vaccination se fasse établir une autre avant tout acte administratif. «Dans les cas de perte du carnet de vaccination, un nouveau carnet est remis avec la transcription de la vaccination reçue antérieurement.» Transcription «exclusivement» faites sur la base des données issues du registre de vaccination centralisé. « En cas d’absence de données sur les vaccinations reçues antérieurement, les vaccins du Calendrier National de Vaccination doivent être appliqués selon l’âge de la personne.»
Pandémies locales
C’est au chapitre 12, à la chute de ce document de 15 pages que le projet de loi sur la vaccination obligatoire au Cameroun aborde la question des pandémies locales. L’article 51 du texte indique que «Le Ministère en charge de la Santé Publique encourage la mise en place les incitations fiscales et tout autre mécanisme d’incitation promouvant et accélérant la recherche et le développement des nouveaux vaccins, notamment ceux destinés à combattre les maladies considérées importantes en matière de santé publique pour le pays et les autres pays voisins.» De même que le dispositif en gestation envisage la possibilité d’établir des alliances avec le secteur privé, en vue de favoriser la production des vaccins sur la territoire national.
Le projet de loi souligne en amont que «Les vaccins prévus par le calendrier national de vaccination et ceux qui sont requis pour les vaccinations supplémentaires, sont considérés comme des produits de sécurité nationale.» Des produits dont les procédures d’achat peuvent déroger aux règles normales, selon le même texte. Le texte indique en son article 42 que «Les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) pour la production et le contrôle du vaccin concerné, ainsi que des Bonnes Pratiques de Manufacture et des guides d’évaluation clinique et préclinique émis aussi par cette Organisation.»