Trilogie Punk

Publié le 25 mars 2021 par Hunterjones

(D'un même réalisateur)

Je n'avais vu qu'une scène sanglante de magasin d'alcool de Repo Man , dans un cours de cinéma. Et jamais je n'avais pensé chercher davantage à explorer Alex Cox. 

Puis j'ai réalisé qu'il était l'homme derrière Sid & Nancy que j'avais vu au cinéma*, en 1986, et que j'avais tant adoré. En vous écrivant la semaine dernière sur The Pogues, je découvrais que Cox avait tourné un film mettant entre autres en vedette Joe Strummer (de The Clash), Courtney Love, Elvis Costello, tous les Pogues, Jim Jarmush, Dennis Hopper et Grace Jones. Tous des gens que j'aime beaucoup (sauf une). 

Voyant que les trois films étaient disponibles à ma Vievliothèque. il n'en fallait pas plus pour que je les réserve, découvre deux de ses trois films et que je revisite dans sa langue originale, l'autre. 


Repo Man
a été tourné en 1983 et livré au public en 1984. Comédie noire de science-fiction, le film est le tout premier long métrage d'Alex Cox. Un jeune fan de musique punk de Los Angeles est recruté par une agence de reprise de voiture (a repo man) et subit multiples mésaventures dans le but de retrouver une étrange Chevrolet Malibu dont le coffre fait évaporer des vies et qui semble liée aux extraterrestres. (nous ne somme pas méchants, détrompez vous!). Satire de l'administration Reagan, de la consommation et de l'ère atomique, Cox a développé son film avec ses amis de l'Université Jonathan Wacks et Peter McCarthy. Son inspiration lui est née de sa propre expérience comme agent de repossession. Originalement conçu comme un road-movie, Cox a retravailler son scénario pour établir l'action à Los Angeles afin de limiter ses frais dans son budget. Les interprètes étaient encouragés à largement improviser, ce qui a eu comme conséquence que la fin s'est trouvée très différente de ce qui était originalement prévu. 
Iggy Pop signe la chanson thème du film et Joe Strummer est aussi responsable de 2 chansons. Ces deux-là, ainsi que l'univers du film a placé ce film nettement sous l'étiquette punk de l'époque. Le film avait été beaucoup aimé de critiques et a depuis, obtenu un certain côté culte. Comme les producteurs étaient inquiets de la violence de certaines scènes, Cox a tourné une scène de fusillade dans un dépanneur montrant des bouteilles de ketchup éclater sous les balles, afin qu'on arrive à moins distinguer le ketchup du (faux) sang des personnages. Cox, a depuis lancé des versions de son film où il remplace toutes les vulgarités par des propos surréalistes, a publié une "suite" en roman graphique, tandis que la petite soeur spirituelle de Repo Man, Repo Chick, a été offerte en 2009.

Quentin Tarantino a beaucoup "emprunté" de ce très intéressant et comique film.  


Sid & Nancy 
a été tourné en 1985 par Cox dans le but que personne d'autres avant lui ne tourne la vie du bassiste des Sex Pistols. Et aussi pour décrier l'usage de la drogue. Le film s'appelait Love Kills. Il raconte la relation complètement destructive entre Sid Vicious et Nancy Spungen, complètement incarnés par Gary Oldman et Chloé Webb. Daniel Day-Lewis avait été le premier choix de Cox. Oldman a même refusé le rôle deux fois, haîssant texte et histoire (et son interprétation au final) et l'acceptant uniquement pour le salaire. Oldman s'est imposé une diète ne mangeant que du poisson et du melon, mais a tant maigri qu'il a dû être hospitalisé pour malnutrition. The Circle Jerks (aussi sur scène dans Repo Man), Iggy Pop, les 5 membres de Gun's Roses, dans le public, Nico et Edward Tudor-Pole de la formation Tenpole Tudor font des apparitions dans le film ici et là. La déchéance est absolue. Bien que Johnny Rotten soit plus ou moins convaincant, Malcolm McLaren et Annabella Iwin sont plus-que-vrais. Des détails de mise-en-scène sont tout simplement formidables. Nancy qui apparait par la fenêtre la tête à l'envers. Le couple qui donne un peu d'argent dans un sceau tenu par une corde tombant du ciel. Le feu qui brûle la chambre à quelques pieds du couple, trop drogué pour en être affecté. Un homme du Chelsea Hotel qui tend la main exigeant quelque chose, on ne sait quoi. Autant de bizzareries hors du commun qui rendent ce film fort intéressant. Je ne me suis par ennuyé le réécoutant pour la première fois depuis 35 ans. On a retitré le film quand on s'est fait dire que ça existait déjà pour un autre film. Cox n'a jamais aimé le "plate" Sid & Nancy. 

Les Sex Pistols n'ont pas aimé le film. Toujours provocateurs, ils ont trouvé que c'était une version "conte de fées". C'est pourtant, par moments, insupportable de déchéance. Cox ne s'en souciait pas tant, il voulait principalement montrer Sid mourir en idiot en raison de ses choix d'usage de drogue. Il voulait principalement décrier l'usage de la drogue. C'est à ce niveau très convaincant. Non tentant du tout. 


Straight To Hell
ne devait pas exister. Une tournée musicale impliquant Joe Strummer, Grace Jones, The Pogues, Amazulu, Elvis Costello, The Circle Jerks, Tenpole Tudor devait avoir lieu, mais quand elle a été suspendue pendant un mois, Alex Cox et Dick Rude ont obtenu le droit d'adapter très librement Django Kills...If You Live, Shoot!, western spaghetti tourné par Giulio Questi, 20 ans plus tôt. Pensé, tourné, adapté, improvisé et surjoué pendant 4 petites semaines, dès la première scène, je me sentais chez moi. J'avais un déjà vu de bien des matins de mon passé. Bien que western, le film est définitivement tourné dans un esprit punk, puisqu'un relatif désordre y règne. Beaucoup d'excès aussi. Cox réutilise plusieurs de ses acteurs de précédents films, comme Sy Richardson dans un des rôles principaux, Zandler Schloss, Dick Rude, Jennifer Balgobin, Xander Berkeley et Fox Harris. Dennis Hopper, Shea Wigham et Jim Jarmush y font aussi des caméos. On sent la camaraderie et le plaisir qu'ils ont eu à tourner cette comédie qui a définitivement un petit côté culte et j'ai eu le feeling que 3-4 ans plus tard, on aurait pu tourner le même type de parodie. On l'a même fait de manière incomplète. 

Je me suis gâté d'un fameux week-end punk le week-end dernier. 

*Probablement en terrible français de France! ooooooH la boulette! on se tire, on se  fera coller par  la brigade des stup!