L'activité en tant que telle n'est pas nouvelle pour Amundi, mais son accélération récente et ses perspectives de développement justifient désormais la création d'une structure exclusivement dédiée à la commercialisation de logiciels. Un premier pas vers le renversement de notre conception traditionnelle des services financiers ?
Doté d'une plate-forme prenant en charge le spectre complet des besoins d'un gestionnaire d'actifs, d'une deuxième destinée aux banques privées et autres conseillers en patrimoine et d'une dernière focalisée sur l'épargne salariale, auxquelles s'ajoutent quelques outils spécialisés (autour de la conformité réglementaire, de l'investissement responsable…), la catalogue d'Amundi Technology est bien étoffé dès sa naissance. Il compte par ailleurs 24 clients, en Europe et en Asie, pour 4 000 utilisateurs finaux, et devrait représenter un chiffre d'affaires global de 150 millions d'euros d'ici à 5 ans.
Forte de son expertise, qui repose, entre autres, sur les compétences informatiques de 700 collaborateurs, l'institution estime être en bonne position pour séduire les acteurs de la distribution auxquels elle fournit aujourd'hui ses produits financiers. Il est vrai que ceux-ci prennent progressivement conscience, en particulier à l'occasion de la crise sanitaire, de l'impératif d'engager une profonde transformation technologique afin de mettre à la disposition de leurs clients les services à l'état de l'art qu'ils réclament.
Outre ses qualités opérationnelles (dont son infrastructure infonuagique, ses pratiques modernes d'ingénierie…), Amundi Technology a quelques arguments différenciateurs spécifiques à faire valoir auprès de sa cible privilégiée. Il s'agit d'abord de son offre complémentaire d'externalisation de processus (BPO) mais également de l'accès intégré à ses partenaires stratégiques (CACEIS et BNY Mellon) pour l'administration et la conservation ou encore de la sécurité implicite qu'apporte un établissement réglementé.
Alors que, selon les mots d'Yves Perrier, son directeur général, la technologie est maintenant une clé de l'avantage concurrentiel dans le secteur financier, l'ambition explicite d'Amundi est d'en faire aussi un nouveau moteur de croissance. Cependant, ne pourrait-on pas envisager une vision bien plus radicale ? Ne faudrait-il pas plutôt, en prolongeant le raisonnement jusqu'au bout, considérer que le logiciel devrait, à terme, devenir la base du modèle économique, jusqu'à se substituer à ceux du passé ?
Et puis soyons fous ! Le principe mériterait d'inspirer l'ensemble de l'industrie, car les prémisses sont déclinables dans tous ses métiers, eux-mêmes numériques par essence, et tirent vers une conclusion identique : quand les applications, porteuses de la précieuse expérience utilisateur, seront (bientôt) le principal critère de choix d'un fournisseur, il y aurait du sens à ce qu'elles soient aussi l'objet central de la relation commerciale. La proposition n'est pas aussi absurde qu'il y paraît : après tout, elle est expérimentée, d'une certaine manière, par un certain nombre de startups de la FinTech…