L’enseignant en linguistique âgé de plus de 70 ans semble avoir bénéficié d’une certaine bienveillance du président Paul Biya, dont il fut l’un des fidèles les plus zélés.
Alors que nous allions sous presse hier, des informations abondamment relayées sur les réseaux sociaux affirmaient que le chef de l’Etat aurait finalement accordé la grâce présidentielle à l’ex-Dg de la Crtv. Après Yves Michel Fotso, le professeur Gervais Mendoze bénéficiera-t-il lui aussi d’une évacuation sanitaire pour l’étranger ? En attendant un communiqué formel, tout porterait à le croire. « Dernières minutes…Le Président de la République du Cameroun SE Paul Biya, vient d’accorder la Grâce présidentielle au Pr Gervais Mendo Ze », lit-on sur les réseaux sociaux.
Selon un confrère de Vision 4, télévision, le président Paul Biya aurait accordé la grâce présidentielle à l’ancien directeur général de la CRTV dont l’état de santé s’est dégradé ces derniers mois. Si ces faits sont avérés, l’ex Dg de la Crtv sort de prison au moment où les vidéos le montrant affalé dans son lit à l’hôpital central de Yaoundé, faisaient sans cesse le tour des réseaux sociaux. L’on pouvait alors voir l’homme de Lettres, très amaigri qui pouvait à peine se nourrir ou boire un verre d’eau de lui-même.
Dans une missive, Marlène M Emboutou relevait certes la situation de son père qu’elle juge préoccupante mais il n’en demeure pas moins que nombreux sont ceux qui se sont inquiétés depuis la survenance du corona virus des dispositions qui seront prises dans les prisons. Alors que les yeux des habitués du Tribunal criminel spécial (TCS) étaient davantage tournés vers l’ancien ministre de la Défense Edgar Alain Mebe Ngo’o, arrêté début mars, le tribunal a prononcé mardi 19 mars 2019 quatre nouvelles condamnations dans le cadre de l’affaire des détournements de fonds publics de la CRTV. Gervais Mendo Ze, ancien directeur général de la CRTV, avait été condamné à vingt ans de prison ferme. Il était en détention provisoire depuis 2014 à la prison centrale de Kondengui, à Yaoundé. Il a été reconnu coupable du détournement de 18 milliards de francs CFA (environ 27,4 millions d’euros) dans les budgets de fonctionnement de la télévision nationale en 2004 et 2005.
Limogé du gouvernement en 2005, il s’était fait discret pour se faire oublier. « Peine perdue, les Camerounais se souviennent de l’époque où l’unique télévision du pays était quasi caporalisée par ce personnage affable mais agaçant, généreux mais exubérant, qu’ils ont passionnément détesté. On critiquait sa propension à se mettre en scène presque tous les soirs au journal télévisé, on s’exaspérait de son obstination à diffuser des séries dont il était le scénariste et le producteur, on s’élevait contre sa tendance à être le principal invité des émissions de sa propre chaîne… »
Lancée en 2006 par Paul Biya sous la pression des bailleurs de fonds et de l’opinion publique, l’opération de lutte anticorruption Épervier est toujours en cours au Cameroun.