Hmm...vraiment?
Et si elles n'avaient été que moins drôles?
Dimanche dernier il y a eu le gala des Oliviers récompensant les "meilleurs" humoristes de la dernière année, au Québec. L'humoriste s'inscrit au gala, en payant sa participation, comme à l'ADISQ, l'équivalent dans les remises de prix au Québec, mais pour la musique, et un jury évalue les talents afin de faire des catégories de remises de prix, et de les livrer à des élu(e)s. Je mets ça aussi au féminin parce que ça arrive au féminin aussi. Mariana Mazza, Lise Dion, Claudine Mercier, Silvi Tourigny, Caty Gauthier, Véronique Cloutier, Michèle Deslauriers, Korine Côté, Maude Landry ont tous gagné une fois ou plusieurs fois. L'équipe de Like-Moi aussi, où les filles sont formidables!
Pourtant, dimanche, quand les 11 prix ont été distribués, entre 24 Femmes et 30 hommes, ce ne sont que des hommes qui ont gagné. 11 fois. Ça a fait soupirer la chroniqueuse culturelle et ça a fait taper du pied l'allumée du fil Twitter.
Ça m'a aussi fait soupirer de les voir soupirer. Tout le monde, mais absolument tout le monde est en droit de soupirer. Mais à trop le faire, on manque de souffle.
J'essaie de comprendre le raisonnement. Leurs soupirs semblent valider davantage ma propre vision. parfois impropre, sur la parité en général. Et surtout suggérer que les gagnants n'auraient pas dû gagner.
Si vous étiez directeur/directrices-gérant(e) d'un club de hockey de la LNH et que vous n'engagiez dans votre équipe que des québécois francophones, comme coach ou comme joueur, même si beaucoup plus parlent une langue étrangère et sont meilleurs, vous auriez toutes les raisons d'être limogé(e). Votre béquille, de vouloir à tout prix un club Québécois francophone, n'en ferait0 pas nécessairement un meilleur club gagnant. Un club sportif est une mesure, d'abord et avant tout, de talent.
Il en va de même pour les remises de prix.
Il s'agit d'une évaluation (très) subjective de talents. Les remises de prix ne font jamais l'unanimité. C'est extrêmement débattable. Quelqu'un croit vraiment que le Québec en entier a voté pour Marc Dupré pour la chanson de l'année, l'année où il a gagné avec Nous Sommes Les Mêmes? Il s'agit du gendre de René Angelil. Ce n'est pas le plus novice en affaires. Et justement, cette année-là, et on pourra dire cela de TOUTES les remises de prix, partout dans le monde, nous n'étions pas tous les mêmes. Ça n'a jamais été plus vrai. Nous ne sommes jamais tous les mêmes. J'ai même trouvé assez peu de gens qui ont trouvé que ça devait être élu la chanson de l'année. L'histoire retiendra-t-elle la chanson dans nos têtes dans 50 ans comme le feront La Désise, Le Petit Roi ou La Complainte d'un Phoque en Alaska?
Cette année 11 gars, plus même car des équipes de gars ont aussi gagné, ont reçu des Oliviers.
La chroniqueuse culturelle a souligné le dernier gagnant de la soirée en glissant aussi que ce gala n'avait récompensé aucune femme.
Ce qu'il faut comprendre de la seconde ligne de sa tirade devrait être "travaillez plus fort et travaillez mieux mesdames". Mais je sens que ce qui en transpirait d'abord était un sentiment d'injustice. Je me trompe peut-être. Mais la chroniqueuse a l'injustice assez souvent près des lèvres. Elle a aussi hastagué le Gala de Oliviers. Elle voulait donc qu'ils sachent qu'ils n'ont récompensé aucune Femme. Ce qu'ils savaient quand même, ils ne sont pas si cloches. Mais que doivent-ils vraiment faire? Donnez un prix à une Femme, simplement parce que c'est une Femme?.
Les Oscars, cette année, semble pêcher de cette exacte manière. Il n'y a pas surreprésentation mais j'ai été surpris de la très grande quantité d'artistes à la peau noire en nomination cette année. Comme voilà facilement 40 ans qu'ils se font reprocher de ne pas honorer plus de gens racisés, et que depuis 5-6 ans, on le crie plus fort, j'ai tout de suite senti, juste à lire les nominations, qu'on avait choisi des artistes à la peau noire, peut-être un peu, consciemment ou non, simplement parce qu'ils ont la peau noire.
Ou peut-être reprochait-on aux gens de l'Académie de ne jamais vraiment considérer les artistes à la peau noire et que maintenant ils ouvrent les yeux, mais ça relève un peu du conte de fée, non? Soudainement, une pluie d'artistes à la peau noire. Au lendemain des plaintes sur le sujet.
Récompenser le talent paritairement ne récompense pas le talent du tout. Il politicallycorrecte. Comme les Oscars le feront peut-être, cette année.
Je me disais qu'elle choisissait mal ses batailles, la chroniqueuse. Puis je repensais aux deux derniers spectacles d'humour que j'ai vu. C'était Katerine Levac et ensuite, Virginie Fortin. J'ai adoré les deux. Je n'aurais jamais eu besoin de savoir qu'elles avaient gagné un Olivier pour racheter des billets pour leur show. N'attendrait pas non plus qu'elles soient récompensées d'un prix. Je vais continuer à les courir.
Ensuite, j'ai vu passer un gazouillis tout aussi plaintif de Miss Stréliski, (que j'aime beaucoup aussi) je me suis dit que ceux qui l'avait gagné l'Olivier ne l'avait pourtant pas volé. Avant de lire quelqu'un lui répondant exactement la phrase que je viens de vous écrire.
Quand Louis-Jean Cormier s'est fait lapider pour avoir dit qu'il n'était pas en faveur d'une parité entre les sexe dans son métier, simplement pour le plaisir de faire des comptes égaux, je comprenais complètement ce qu'il disait. Si dans ton band vous êtes 12: 6 gars talentueux, 4 filles talentueuses et 2...bof...on fera avec...pourquoi te priver de deux gars meilleurs qui auraient fait un band à ton goût? Les chiffres peuvent aussi être complètement inverses comme chez Brathwaite. Zêtes 8 dans le band. 4 filles qui sont formidables dans le band, 2 gars qui sont pas mal du tout et 2 autres...qu'on aurait remplacé par deux filles meilleures, mais la béquille de la parité oblige...vous voyez ce que je veux dire? Ça ne devrait jamais être une obligation.
C'est le point faible de la parité. Je suis complètement en faveur de la parité entre les sexes. Dans les tâches, dans les métiers, dans les sports, dans les représentations, dans les salaires surtout. Partout autant que possible. Et c'est ce possible qu'on remet en doute. Mais partout là-dedans, il faut parler de l'égalité des chances. Pas simplement donner la tête à "off" parce que né d'un sexe précis.
C'est plutôt princesse comme attitude.
Pourquoi, comme en musique, comme aux Oscars, ne faisons nous pas tomber la catégorie humoriste de l'année pour en faire deux?
Humoriste masculin de l'année, Humoriste féminin de l'année.
Si on est si pas bien ensemble.
Elles n'étaient que 6 de moins que les gars. Mais 11 fois moins gagnantes.
Comme disait Lise Dion, On est rendu là.
C'est une baloune à lancer.