Cette année, Chanel fête les 100 ans de son mythique N°5, pour l'occasion, la maison de la rue Cambon a fait tailler un diamant de 55,55 carats. Cette pierre forme émeraude d'une pureté exceptionnelle est la vedette d'un collier reprenant les lignes du flacon, un hommage prestigieux bien qu'assez peu esthétique en réalité, estimé à 20 M€ (judicieusement non commercialisé). Reste que Chanel Joaillerie s'est taillée une réputation de premier plan dans le carré d'or de la place Vendôme avec des bijoux stylés aux gemmes scintillants et exceptionnels. Pourtant, la Maison, gérée de main de maître par les Wertheimer, ne met pas tous les diamants dans le même serti, elle est aussi actionnaire du joaillier Courbet qui est un des pionniers des diamants de synthèse.
Les puristes toisent ces pierres fabriquées en laboratoire qui revendiquent qualités écologiques et éthiques qui manquent aux diamants de mine. A l'opposé, ces derniers, extraits de l'histoire géologique de la terre, affichent des qualités d'authenticité qui manquent aux premiers, produits industriellement - presque ! - à la chaîne. Dans mon dernier livre, Les nouveaux impératifs du luxe (éditions Maxima), j'analyse la transition qui s'opère, entre un luxe inestimable et un luxe " éthiquable ", un luxe de raréfaction et un luxe d'assimilation, dont Chanel, à l'écoute du temps, tente une synthèse pour traverser le siècle en cours.