Titre : Chroniques de jeunesse
Scénariste : Guy Delisle
Dessinateur : Guy Delisle
Parution : Janvier 2021
Après avoir cessé de voyager dans le monde et de nous faire profiter de son expérience, Guy Delisle avait raconté, avec « Le guide du mauvais père » son rapport à ses enfants dans des petites histoires pleines d’humour. Maintenant que le dernier « guide » s’est terminé avec l’adolescence de ses enfants, Guy Delisle est venu piocher dans ses souvenirs pour nous offrir ses « Chroniques de jeunesse ». Basée sur le même schéma narratif que ses livres de voyage, l’ensemble reste plus léger avec 140 pages au compteur, le tout dans la collection Shampooing qui l’accueille depuis de nombreuses années.
Des anecdotes sympathiques
Pendant trois étés, Guy Delisle va travailler dans l’usine de papier où travaille son père. Trois étés au contact d’un travail difficile, physique, mais aussi au contact d’autres ouvriers, anciens ou estivaux comme lui. Comme à son habitude, le dessinateur raconte toute une série d’anecdotes sans jamais juger les gens. Il reprend son costume de Candide. Le livre n’est pas dénué de réflexion bien évidemment, mais le ton reste toujours léger et jamais moralisateur.
On ne pourra pas dire que la découverte d’une usine à papier soit particulièrement passionnant. C’est par les gens et les rencontres que l’auteur donne du poids à l’ensemble. Guy Delisle s’est spécialisé dans l’anecdote et ça fonctionne toujours. Le livre se lit facilement au fur et à mesure que les étés passent. Peu de personnages sont récurrents (notamment par le fait que l’histoire se passe sur trois étés différents) et on passe un peu d’une histoire à l’autre sans beaucoup de continuité.
Afin d’enrichir son propos, l’auteur parle de ses études. De ses interrogations d’abord, puis de ce qu’il fait. On y découvre sa découverte de la bande-dessinée. Il y parle aussi de sa relation compliquée (lointaine ?) à son père. Cependant, ces aspects-là restent peu traités et nous laissent sur notre faim. On a l’impression que ce sont des digressions plus qu’un enrichissement des anecdotes de l’usine. Malgré tout, le lecteur amateur de l’auteur sera content de reconstituer un peu son parcours, parcours qu’il présente par petites touches dans chacune de ses œuvres autobiographiques.
Au niveau du dessin, pas de surprise : on reconnaît le dessin simple et efficace de l’auteur. Il fonctionne toujours aussi bien, très adapté au propos. On remarquera le soin de faire vivre l’usine. Les décors sont nombreux et participent pleinement à l’immersion. L’auteur fait le choix d’une colorisation en niveaux de gris, choix logique pour représenter une vie à l’usine ! Il y ajoute des touches oranges avec le t-shirt du personnage qui dénote dans l’ensemble. D’autres éléments sont également colorisés en orange comme la fumée, les éclats, les bruits… Sur le plan graphique, on est en terrain connu et c’est toujours réussi.
On ne va pas bouder notre plaisir pour ces « Chroniques de jeunesse ». Guy Delisle y développe de nouveau son style narratif basé sur les anecdotes qui fonctionne toujours bien. Mais si le livre se lit avec plaisir, on n’y retrouvera pas la richesse des autres « chroniques ». On peut comprendre le choix éditorial de mettre ce bouquin dans la continuité des livres de voyage de l’auteur, mais il y perd clairement à la comparaison.