Depuis un an, un virus « massacre » nous oblige tous à avoir des positions sociales inhumaines ; en ce sens que désormais, nous ne pouvons plus nous serrer les mains comme de tradition, en famille ou lorsque nous allons vers les uns et les autres.
Le masque nous restreint dans nos contacts avec nos semblables. Ce virus « massacre », nous impose aussi des gestes barrières qui vont historiquement reconstituer notre vécu au quotidien au-delà de l’espace national. La Covid-19 (puisqu’il s’agit d’elle) est partout, littéralement, et en 2020, sa propagation et son impact sur les populations de toutes les régions du monde ont conduit à une crise mondiale d’une portée et d’une proportion sans précédent.
L’éducation des enfants du monde entier a été gravement perturbée, alors que les écoles ont lutté pour faire face aux fermetures et réouvertures répétées et au passage à la scolarité en ligne, lorsque celle-ci était possible. Les enfants défavorisés ont cependant été les plus touchés par les mesures d’urgence. Les inégalités entre les riches et les pauvres se sont aggravées pendant que la pandémie et la pauvreté se sont accrues, pour la première fois depuis des décennies. Alors que l’incertitude, la peur et l’anxiété persistent dans le monde face à la résurgence de ladite pandémie, les fausses informations continuent de contaminer les réseaux sociaux.
Si on doit inéluctablement accepter que la Covid-19 s’est imposée à notre univers virtuel, et que nous n’avons pas de choix que de nous exiger à faire barrière à cette peste du XXIème siècle, relevons que depuis de nombreuses années maintenant, les accidents de route constituent l’une des grandes causes de mortalité sans que l’on sente une riposte forte sur le plan national, face à cette calamité (c’est bien le mot à utiliser) qui endeuille de nombreuses familles camerounaises. Du moins, la riposte d’hier semble avoir perdu son souffle.
Il y a quelques semaines, en reportage dans la région du Nord-Ouest, un citoyen de notre pays que nous avons eu le plaisir de rencontrer, nous a fait une confidence en ces termes : « au mois de février dernier (Février 2021 NDLR), lors du voyage retour Bamenda-Yaoundé, alors que j’étais venu enterrer mon oncle, je me suis amusé à compter les lieux de deuils qu’il y avait ce week-end là sur mon parcours. Sur la trentaine de deuils que j’ai pu dénombrer, environ une vingtaine était due à un accident de circulation. ». Avec le recul critique du journaliste, nous avons logiquement fait observer à notre interlocuteur qu’il pourrait avoir une exagération dans le récit des faits. Même si au fond de nous, nous savons que la réalité pourrait bien être celle qu’il a évoquée.
En tout cas, bien que le gouvernement de la République du Cameroun n’ait pas encore pensé à formaliser un observatoire fonctionnel des accidents de circulation, relevons qu’au ministère des Transports, sous la conduite de l’actuel ministre, Ngalle Bibehe, des sources bien introduites révèlent que le travail sur les accidents de route fait l’objet d’une grande attention du maitre des céans et de ses collaborateurs. On évoque ainsi la présence sur nos routes des équipes de préventions routières, mais aussi des équipes chargées de réprimer les usagers indélicats de la route publique. Soit ! Mais l’orientation citoyenne d’une pensée qui tournerait logiquement autour des conséquences directes des accidents de la route qui devraient faire l’objet d’une préoccupation nationale non seulement du gouvernement de la République, mais surtout de la communauté nationale, au regard des drames qui sont enregistrés à propos, donne à voir que les accidents de circulation coûtent une fortune à l’Etat du Cameroun.
Selon des statistiques publiées par le Mintransports en 2018, environ 5000 accidents sont enregistrés chaque année, pour 6000 blessés et 1200 morts. Face à ces chiffres, le gouvernement de la République du Cameroun a fait des accidents de la route, un fléau dont souffre le Cameroun. Et selon nos informations recueillies à des sources généralement bien informées, sur des chiffres mis à jour le 25 octobre 2018 à 13h45, les accidents de route ont fait perdre au Cameroun 908 milliards de Fcfa en 5 ans. Ce qui fait évidemment dire aux spécialistes que les accidents de routes au Cameroun sont les plus meurtrières en Afrique. De plus, une étude externe commandée par le gouvernement camerounais, sur l’évaluation et l’actualisation de la stratégie nationale de prévention et sécurité routière indique que les accidents de route ont fait perdre à l’économie camerounaise 908 milliards de francs Fcfa (soit 1,384 milliard d’euros) au cours des 5 dernières années (2013-2017). En 2017, on a recensé quelques 2396 accidents de la route dans le pays, contre 2966 en 2016, 2896 en 2015 et plus de 3000 en 2014, selon des chiffres rendus publics le 23 octobre 2018 par le cabinet Agora consulting, qui a été chargé de cette étude. De plus, l’axe lourd (comme on l’appelle) Yaoundé-Douala, a été identifié en 2014 par l’Organisation des Nations Unies (Onu) comme étant l’une des voies routières les plus dangereuses du monde.
On se souvient qu’en 2008, le Cameroun a élaboré sa stratégie nationale de prévention et de sécurité routière sur la période 2009-2014 dans le but « d’améliorer durablement la sécurité des usagers et des véhicules sur les axes routiers » du pays. Pourquoi en sommes-nous aujourd’hui encore à pleurer des morts par milliers sur nos routes ? Pourquoi la route continue-t-elle de tuer de nombreux citoyens ?Il s’agit d’un vrai débat qui devrait préoccuper les citoyens du Cameroun, au même titre que la pandémie de la Covid-19.