Le bouillonnant maire de la commune de Njombé-Penja, a rendu l’âme dans la nuit du dimanche 21 à lundi 22 mars 2021dans une clinique privée à Douala, vaincu par une courte maladie.
Il était une fois PEK ! La nouvelle est tombée aux aurores tel un couperet ! Brutale, tragique, sans appel ! Paul Eric Kingue n’est plus. Le premier magistrat municipal de la commune d’arrondissement de Njombé-Penja a rangé son écharpe et pousser son dernier soupir après avoir été souffrant pendant quelques jours seulement. Selon les proches du président du Mouvement patriotique pour un Cameroun nouveau (Mpcn), il avait été admis en situation d’urgence à l’hôpital militaire de Douala, il y a une semaine puis conduit dans une clinique privée où il a finalement succombé aux premières heures de la matinée d’hier lundi. La vérité, confesse certains de ses proches, c’est qu’il avait une santé fragile depuis sa sortie de prison où il a vécu le martyr pendant neuf mois, avec ses compagnons d’infortune aux rangs desquels Maurice Kamto, président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun et dont il était le directeur de campagne lors des élections Présidentielles d’octobre 2018.
Cameroon Suvival Initiative
Libéré, l’homme s’était brutalement retourné contre son mentor qu’il accablait à chacune de ses sorties médiatiques. Invité récemment par nos confrères d’Abk Radio, un média basé à Douala, PEK avait flingué à bout portant la gestion des fonds du programme humanitaire Cameroon Suvival Initiative initié par le Mrc. A le croire, cet argent a servi à nourrir les desseins personnels de certains cadres du Mrc, notamment la construction de résidences privées. Une sortie qui a provoqué l’ire de certains pro-Kamto. Entre ceux qui estiment que l’élu du peuple a enfin démontré au grand jour qu’il roule désormais pour le régime avec le funeste dessein de combattre et de couler le navire Mrc, et ceux qui y voyaient un mea-culpa du Pouvoir de Yaoundé qui l’a envoyé en prison il y’a une dizaine d’années pour avoir osé déclarer la guerre à certaines multinationales actives sur le territoire de la commune de Njombé-Penja qui refusaient catégoriquement de payer les taxes communales normalement dues, chacun y allait de son argumentaire.
Très rare ces dernières semaines sur les réseaux sociaux, Paul Eric Kingue quitte la scène alors qu’il venait d’ouvrir et mettre sur satellite sa chaîne de télévision baptisée « School Tv Africa ». Un projet qui a bénéficié, avait-il confessé, de la contribution financière du président de la République Paul Biya. « Alors que je le combats politiquement, j’ai bénéficié d’une petite contribution de 20 millions de Fcfa du président Paul Biya pour ce projet éducatif. Preuve qu’il est soucieux de la formation des jeunes de son pays. Je lui dis merci », déclarait-il sans coup férir.
Un témoignage assimilé à un aveu de conspiration et qui avait (logiquement) ouvert le boulevard à une levée de boucliers sur la toile.Une chasse à l’homme qui laissait songeur quant au crédit à accorder à son projet audiovisuel créée dans l’optique, confessait-il, de « promouvoir le réarmement moral des jeunes Africains pour encourager l’excellence ». D’ailleurs, beaucoup ont tôt fait de cataloguer la chaîne d’une « Crtv bis ». C’est-à-dire une caisse de résonnance de l’Etat.
Les carrières de la discorde
De ces multiples combats, l’on retient ce bras de fer avec le préfet du Moungo au sujet de l’exploitation de 46 carrières de pouzzolane dans la localité. A l’origine de la discorde, l’application de l’article 18 du Code général sur la décentralisation et les compétences transférées aux Collectivités territoriales décentralisées (Ctd). Paul Eric Kingue était ferme sur la question : « les Communes ne partagent pas ces compétences ni avec le sous-préfet, le préfet, le commandant, etc. Le même article en son alinéa 3 dit: (cette disposition devra être suivie d’un décret d’application du Premier Ministre, Chef du gouvernement) », se défendait-il.
Fervent défenseur des droits du « bas peuple », il a été condamné par le tribunal de Nkongsamba, avec 28 autres prévenus, le 19 janvier 2009, à six ans de prison ferme pour « complicité de pillage en bande », « manifestation publique sans autorisation ». L’élu local avait été sommé de payer 800 millions de Fcfa de dommages et intérêts à la Société des plantations du Haut-Penja, filiale de la Compagnie fruitière, dont le siège est à Marseille, qui s’était portée partie civile. Les autorités reprochaient à l’homm d’avoir participé à la révolte des ouvriers des bananeraies qui parsèment les collines, à 80 km à l’ouest de Douala.
Violents, les événements s’étaient traduits par le pillage du siège des compagnies bananières et le saccage partiel de bananeraies. PEK n’avait cessé d’expliquer son arrestation par le fait qu’il avait publiquement dénoncé les salaires pratiqués par les sociétés bananières (25 000 Fcfa par mois avant les émeutes) et les exonérations fiscales dont elles bénéficient, selon lui, parallèlement à une aide de l’Union européenne.