Une personne sur 4 dans le monde présente des symptômes de dépression durant cette pandémie de COVID-19. C’est la principale conclusion de ce premier bilan des conséquences de la pandémie COVID-19 en termes de prévalence mondiale de dépression et d'anxiété. Des résultats publiés dans la revue Psychological Medicine, qui sensibilisent aussi aux conséquences spécifiques en santé mentale, des différentes mesures de distanciation comme les restrictions de l’utilisation des transports en commun, intervenues en Europe.
L’analyse révèle une prévalence mondiale élevée des troubles de santé mentale pendant la pandémie mais avec de grandes variations selon les régions du monde et les pays. Le Dr João Castaldelli-Maia, du Département d'épidémiologie de la Mailman School, co-auteur de l’étude relève notamment les niveaux d'anxiété et de dépression beaucoup plus faibles en Chine que dans les autres régions du monde.
La dépression constitue une épidémie concommitante à part entière
L’équipe a procédé à l’examen de la littérature parue jusqu’à fin juillet 2020 portant sur la prévalence de la dépression et de l'anxiété. Les données de la Global Burden of Disease Study ont servi de base pour les niveaux antérieurs de dépression et d'anxiété. Les chercheurs ont finalement sélectionné 60 études portant sur un total de 226.638 participants. L’analyse montre que :
- la prévalence mondiale de la dépression et de l'anxiété pendant la pandémie de COVID-19 atteignent 24% et 21%, respectivement ;
- l’Asie tient le record de résilience avec un taux de 18% pour la dépression et l’anxiété ; dans les autres régions du monde la prévalence de l’anxiété atteint 29%, en moyenne ;
- la Chine en particulier a la prévalence la plus faible pour ces 2 troubles – dont 15,5% pour l’anxiété ;
- au sein du sous-groupe des pays asiatiques, les estimations de la prévalence de la dépression varient de 15% à 20%. Lorsque l'on compare la prévalence de la dépression pour les périodes pré et post-COVID-19, quel que soit le pays, les taux sont manifestement plus élevés après le début du COVID-19.
- En Europe, la prévalence de la dépression atteint 26% et dans certains pays du reste du monde -hors Asie- ce taux atteint jusqu’à 39%.
- concernant les différentes mesures de distanciation mises en œuvre, dont les restrictions de transports en commun, les fermetures d'écoles, le télétravail, l'annulation d'événements publics ou les interdictions de rassemblements, seules les fermetures de transports en commun ont entraîné une augmentation significative de la prévalence de l'anxiété, en particulier en Europe.
Une double épidémie ? « Les problèmes de santé mentale ne doivent pas être considérés uniquement comme une conséquence différée de la pandémie de COVID-19, mais aussi comme une épidémie concommitante à part entière », souligne l’auteur principal, le Dr Silvia Martins, professeur agrégé d'épidémiologie à la Mailman School.
«La pandémie de COVID-19 a eu un impact considérable sur la santé mentale de la population mondiale, et la forte prévalence des troubles de santé mentale observée aujourd’hui est terriblement préoccupante. Ces données révèlent un besoin urgent et conséquent de soutien et d'interventions précoces pour faire face et prévenir cette épidémie de dépression ».
Source: Psychological Medicine 9 March, 2021 DOI : 10.1017/S0033291721000933 Investigating the effect of national government physical distancing measures on depression and anxiety during the COVID-19 pandemic through meta-analysis and meta-regression
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