Il y a tant à admirer des Français.
Leurs fromages, leurs vins, leur sophistication, leurs auteurs, leur musique, leur histoire, leur cinéma, et j'en passe...
Leur désir d'envoyer leurs présidents en prison aussi.
C'est un fantasme Nord-Américain, croyez-moi. Avant Trump, certains fantasmaient sur l'idée d'envoyer en prison Hillary, on ne sait pas complètement pourquoi, on ne faisait que dire Benghazi, sans comprendre qu'il ne s'agissait que de parfum d 'incompétence et de courriels de l'assistante d'Hillary. On la voulait en prison surtout par partisanerie. Et pour surfer sur le cri du clown sur scène qui vomissait des rivières de bile jour après jour. Et maintenant que le président gonflable est déssouflé, c'est Trump que plusieurs voudraient voir derrière les barreaux. Parce qu'il triche ses impôts, triche un peu partout, triche depuis peut-être trop longtemps, ce qui est déjà une prémisse plus crédible sur quoi travailler. L'Amérique du Nord devient Soviétique. Mais la France, plus géographiquement près de la Post-Soviétie, nous as battu de vitesse. Finis ton mandat qu'on te coffre!
De 2007 à 2012, Nicolas Sarkozy a servi comme Président de la République Française. Il a été trouvé coupable, lundi, de trafic d'influence et de corruption. Il écope de trois ans de prison, deux seront considérées servies parce que continuellement prisonnier des cours de justice sur ce dossier, et la dernière serait à servir, ce qu'il ne fera probablement pas, puisqu'il ira en appel et prendra un an pour encore travailler ce dossier dans les cours de justice, moyennant une décision en sa faveur, ce qui reste encore très très possible. Aussi fantasmant que ça puisse l'être pour certains, il y a assez peu de chances qu'il ne serve un seul jour derrière les barreaux.
Mais la frayeur de la chose reste extrêmement importante.
La corruption c'est la corrosion de l'automobile de la vie. Et avons-nous davantage besoin de preuves afin de savoir que le pouvoir sert très très très très très souvent de carburant au véhicule de la corruption? Jacques Chirac avait aussi été cité pour des questions d'emplois fictifs, pour détournement de fonds dans les marchés HLM de la ville de Paris, pour de commissions occultes en marge des marchés des lycées d'Ile de France, pour les billets d'avions d'Euralair qui les faisaient voler gratuitement sur le bras du brave peuple, pour ses frais de bouche somptuaires et pour avoir présumément détourné des millions de l'imprimerie Sempap. Il avait été trouvé de coupable de corruption en 2011, à 66 ans, 20 ans avant sa mort, mais n'avait pas fait un jour de prison.
C'est donc extraordinairement possible que Nicolas Sarkozy ait pris la route sombre et interdite. Mais il n'ira probablement pas au cachot. Il a été trouvé coupable d'avoir soutiré de l'information illégalement d'un magistrat dans un dossier légal qui l'impliquait contre promesse de bonne faveur par la suite. Il aurait accepté des dons illégaux de la très riche Ingrid Betancourt, héritière de L'Oréal et célèbre kidnappée. Dans sa campagne présidentielle de 2007. C'était pas permis. Le pouvoir grise. Et j'ai pas du tout de mal à croire Nico parfois assez grisé.
C'est au nom de ce possible qu'il a été trouvé coupable cette semaine.
Quand j'entendais son avocate parler de son indignation dans la décision de le punir, je me suis demandé si ces gens avaient parfois une infime connaissance de la nôtre, gens du peuple, indignation qui a le droit de ne plus se traduire en cynisme. Ils la connaissent peut-être. Mais la méprisent. S'en moquent. Pourquoi regardez au bas de la pyramide quand on est au sommet?
J'ai une réponse pour eux. Il est important de regarder toutes les mains qui tiennent en bas et à bout de bras cette pyramide parce que ce sont les mêmes mains qui un jour pourront vous étrangler, si sur eux, trop souvent vous crachez.
Il y a définitivement un nous et un eux. C'est toujours dommage.
Certains disent qu'il est puni sans trop de preuves évidentes. Peu importe. Rendons lui la tâche si compliquée que le prochain qui voudra corrompre comme on le suggère qu'il l'ai fait, se ravise.
Les larmes autour du sort de Sarko sont crocodilesques.
Comme celles qui pleuraient le sort de DSK.
Et Benyamin Netanyahu, en Israël, qui n'est pas inquiété de rien.
Ça doit indigner Sarko.