Ce n’est pas parce qu’une petite partie de la population (occidentale essentiellement) feint d’être tétanisée par un virus que le reste du monde s’arrête de tourner : malgré les crises économiques, sociales et politiques qui s’empilent, le monde des cryptomonnaies continue de grossir et d’accumuler les innovations et les opportunités.
Un Bitcoin toujours plus haut
La presse s’en fait d’ailleurs l’écho gourmand à chaque fois qu’elle le peut, que le prix des cryptos s’envole ou qu’il chute brutalement : rien de tel que des histoires de gros sous basées sur des concepts compliqués expliqués de façon floue par des journalistes approximatifs pour faire vendre du papier et récolter du clic.
Il reste cependant exact que le Bitcoin a connu, ces derniers mois, une ascension importante. On aurait pu écrire « fulgurante » si les cryptomonnaies n’étaient pas habituées de ces mouvements de prix assez rapides dans les deux sens, dépassant d’abord les 50.000 dollars pour dégringoler en dessous de 40.000 pour remonter actuellement au-dessus de 60.000.
Ceci en dit d’ailleurs finalement plus long sur les peurs inflationnistes qui règnent actuellement sur tous les marchés (cryptomonnaies comprises) que sur la valeur intrinsèque du Bitcoin, et plus sur l’envie d’un gain rapide des foules que sur leur appétence à utiliser vraiment les cryptomonnaies, tant il semble difficile de ne pas voir le lien entre ces hausses de prix et les « chèques stimulus » distribués par le gouvernement américain.
Indépendamment, il est certain que croît l’intérêt concret pour les cryptomonnaies.
Peu du côté du grand public mais bien plus du côté des institutionnels et des sociétés financières qui comptent effectivement investir tant dans les technologies développées que dans les cryptomonnaies elles-mêmes, et ce bien au delà des effets de manche d’un Elon Musk survitaminé.
Alors que se multiplient les exemples d’investisseurs privés particuliers affichant clairement leur intérêt dans Bitcoin, on pourra aussi citer plusieurs sociétés cotés ayant clairement marqué leur intérêt et ayant même investi dans Bitcoin et dans les cryptomonnaies, comme Microstrategy, Morgan Stanley ou même JP Morgan.
Pas de doute : il y a bien une « normalisation » du Bitcoin au moins dans le monde de la finance.
On peut cependant s’interroger sur ce qui ressemble fort à un abandon progressif du but initial de la première cryptomonnaie : avec l’acceptation croissante du Bitcoin dans ces sociétés de gestion financière, sur les marchés et dans les livres de comptes de ces entreprises, on s’éloigne de plus en plus vite du système imaginé au départ par Satoshi Nakamoto, qui devait remplacer les banques ou en offrir une vraie alternative.
Et si on peut retrouver ce but encore affiché chez quelques autres cryptomonnaies, cela semble moins présent chez Bitcoin dont la communauté semble s’accommoder assez confortablement de se faire gober par de grosses firmes centralisées et inféodées aux gouvernements. Du reste, cette observation se traduit concrètement par de nombreux tiraillements au sein de la communauté Bitcoin, entre ceux qui veulent continuer à voir le cours s’élever (en confondant cette valorisation avec un accroissement de l’usage du Bitoin) et ceux qui comprennent que se focaliser ainsi sur le cours et l’acceptation du Bitcoin par ces firmes n’est qu’une forme pas forcément subtile de compromission du concept original.
De nouveaux horizons : NFT et DeFi
Parallèlement à cette acceptation croissante de Bitcoin, difficile de ne pas noter l’envol progressif de la DeFi et des NFT.
Les Non Fongible Tokens (jetons non fongibles) sont une application pratique de la capacité des blockchains et des technologies décentralisées qui permettent leur fonctionnement dans le monde particulier de la collection et de l’art : par nature, les blockchains permettent une enregistrement fiable, sécurisé, non censurable et non copiable d’un titre de propriété et l’application de cette propriété à des objets de collection sous forme numérique crée, de fait, tout un nouveau marché.
Le principe de base a trouvé une première application en 2017 avec les CryptoKitties, un jeu vidéo construit sur la chaîne Ethereum, qui permet de créer, élever et échanger (éventuellement moyennant finance) des créations numériques (ici, en forme de chats d’où le nom).
Depuis, le même principe est appliqué et étendu à d’autres formes d’actifs numériques, depuis des productions (plus ou moins artistiques, comme une musique d’Elon Musk, le premier tweet de Jack Dorsay ou une oeuvre numérique récemment vendu près de 70 millions de dollars) jusqu’à des petites séries qu’on peut alors collectionner (à l’instar, dans le monde réel, des pièces de monnaie, des timbres, des couvercles de boîtes de camembert ou les autocollants footballistiques de Panini dont l’équivalent numérique en NFT commence à se développer pour le basket ou même le foot).
Ce parfum d’innovation est aussi présent dans la DeFi, la finance décentralisée, dont les développements tirent essentiellement profit du développement de la décentralisation et de la comptabilité à triple entrée permis par l’innovation introduite par Bitcoin et les cryptomonnaies.
Ces innovations se construisent actuellement beaucoup sur Ethereum mais comprennent aussi d’autres blockchains qui offrent différents avantages (Tezos, Polkadot, …). Permettant l’établissement de véritables mécanismes automatiques de gestion financière tout en se passant d’intermédiaires financiers, les techniques et propositions de la DeFi recèlent en elles de quoi bouleverser complètement le paysage des institutions financières actuelles, et modifier drastiquement les impacts légaux et la mainmise des États sur ces domaines…
Le compromis ou le combat ?
De façon générale, ce qui se passe actuellement dans les cryptomonnaies est une illustration d’une histoire plusieurs fois millénaire : les révolutions profondes (qui combinent des aspects technologiques, sociaux et politiques) provoquent naturellement deux types de réactions de la part des individus : ceux qui voient dans ce changement de paradigme des opportunités et l’occasion de fonder de nouvelles relations, de remettre à plat les systèmes existants soit en les attaquant, soit en les contournant complètement, et, de l’autre côté, ceux qui au contraire voient plutôt des obstacles à aplanir pour faire converger les deux systèmes (le nouveau et l’ancien). Dans ce dernier cas, cette convergence est possible lorsque les deux systèmes se complètent – on peut prendre le cas d’internet et du téléphone lors de l’apparition de la VoIP.
Mais lorsque les deux systèmes sont opposés dans leur philosophie et dans leur service rendu, tout ceci a peu de chance de bien se passer.
Autrement dit, ceux qui misent actuellement sur une amélioration des relations entre États, système bancaire actuel et monde des cryptomonnaies vont au devant de graves déceptions : ou bien il y aura effectivement révolution, et les systèmes actuels vont absolument tout faire pour combattre les cryptos (ce qui promet d’être rugueux). Ou bien il n’y aura pas révolution, ce qui veut dire que les cryptos vont perdre progressivement leur substance anarchique (au sens initial du terme, i.e. sans pouvoir central) et ne plus en conserver que certains aspects, probablement marginaux.
Ici, il faut comprendre qu’il ne peut y avoir d’accomodation avec l’hydre étatique : on ne peut pas avoir Bitcoin (ou toute autre crypto) – bâti sur la volonté de ne pas censurer de transaction – et les KYC et AML qui sont, par définition même, de pure prérogatives de l’État , par l’État et pour l’État lui-même et dont l’objet est, justement, de censurer l’accès aux transactions à certains individus et certains commerces.
Eh non : on ne peut pas vouloir une monnaie décentralisée et une ou des autorités centrales décidant de l’un ou l’autre aspect de cette monnaie. C’est antinomique et cela veut dire que la révolution actuelle, soit restera feutrée (les cryptos perdant progressivement leur intérêt initial), soit ne pourra se dérouler sans casse, sans cris et sans grincements de dents.
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