Le carcinome urothélial est la forme morphologique la plus fréquente de cancer des voies excrétrices (calices, bassinet, urethères, vessie, urèthre). Il représente 90% des cancers de la vessie.
Source: https://www.wikiwand.com/fr/Carcinome_uroth%C3%A9lial
Malgré l’existence de traitements standard à visée curative à l'aide d'une chimiothérapie néoadjuvante à base de cisplatine, suivi d’une chirurgie radicale chez les patients éligibles, le carcinome urothélial invasif sur le plan musculaire présente un taux élevé de récidive et aucune preuve de niveau 1 pour ce qui est du bénéfice d’un traitement adjuvant. Notre but était d’évaluer l’atezolizumab comme traitement adjuvant chez des patients à haut risque de carcinome urothélial invasif sur le plan musculaire.
Dans l’étude IMvigor, un essai multicentrique de phase 3, ouvert, randomisé, réalisé dans 192 hôpitaux, centres académiques, et cabinets communautaires de consultation en oncologie dans 24 pays ou régions, des patients âgés de 18 ans et plus, atteints de carcinome urothélial invasif sur le plan musculaire et présentant un score de performance ECOG de 0, 1, ou 2, ont été recrutés dans les 14 semaines après cystectomie radicale ou néphrectomie avec dissection des ganglions lymphatiques. Les patients avaient (…). Les patients ne recevant pas de chimiothérapie néoadjuvante devaient être inéligibles pour une chimiothérapie adjuvante à base de cisplatine ou devaient l’avoir refusée. (…). Les patients étaient répartis au hasard (1:1) à l’aide de la méthode des blocs permutés (blocs de 4) et d’un système internet de réponse vocale; pour recevoir 1 200 mg d’atezolizumab par voie intraveineuse toutes les 3 semaines pendant 48 semaines au minimum ou pendant un an au maximum, ou pour être uniquement maintenus en observation. La randomisation était stratifiée selon le nombre de chimiothérapies néoadjuvantes reçues, le nombre de ganglions lymphatiques disséqués, le statut pathologique ganglionnaire, le stade tumoral, et l’expression de PD-L1 dans les cellules immunitaires infiltrant les tumeurs. Le critère principal d’évaluation était la durée de survie sans récidive dans la population en intention de traiter. L’innocuité était évaluée chez les patients qui avaient reçu au moins une dose d’atezolizumab ou qui avaient été évalués au moins une fois pour ce qui est de l’innocuité du traitement reçu. (…) Le recrutement de patients dans cet essai est terminé.
Entre le 5 octobre 2015 et le 30 juillet 2018, nous avons recruté 809 patients : 406 dans le groupe atezolizumab et 403 dans le groupe d’observation. La période médiane de suivi était de 21.9 mois (Intervalle Interquartile -IQR- 13.2-29.8). La période médiane de survie sans récidive était de 19.4 mois (Intervalle de Confiance [IC] 95% 15.9-24.8) sous atezolizumab et de 16.6 mois (11.2-24.8) sous observation (hazard ratio stratifié 0.89 [IC 95% 0.74-1.08] ; p=0.24). Les événements indésirables de grade 3 ou de grade 4 survenant le plus souvent étaient infection du tractus urinaire (31 [8%] patients sur 390 dans le groupe atezolizumab versus 20 [5%] dans le groupe observation), pyélonéphrite (12 [3%] versus 14 [14%]), et anémie (huit [2%] versus sept [2%]). Des événements indésirables graves sont survenus chez 122 (31%) patients recevant l’atezolizumab et chez 71 (18%) patients sous observation. 63 (16%) patients recevant l’atezolizumab ont présenté un événement indésirable de grade 3 ou de grade 4 relié au traitement. Un décès relié au traitement, dû à un syndrome de détresse respiratoire, est survenu dans le groupe atezolizumab.
A notre connaissance, IMvigor010 est l’essai de phase 3 de thérapie adjuvante du carcinome urothélial invasif sur le plan musculaire évaluant le rôle d’un inhibiteur du point de contrôle immunitaire, le plus important arrivé à son terme. Cet essai n’a pas satisfait au critère principal d’allongement de la période sans récidive dans le groupe atezolizumab versus groupe observation. L’atezolizumab était toutefois bien toléré, sans aucun signe nouveau mettant en cause l’innocuité ; cependant, la survenue à une fréquence plus élevée d’événements indésirables menant à sortie d’étude a été rapportée en comparaison d’études sur le carcinome urothélial métastasé. Ces données ne soutiennent donc pas l’utilisation d’un traitement adjuvant par inhibiteur du point de contrôle immunitaire dans ce contexte précis de l’essai IMvigor010. Joaquim Bellmunt, MD, et al, dans The Lancet Oncology, publication en ligne en avant-première, 12 mars 2021
Financement : F Hoffmann-La Roche/Genentech
Source : The Lancet Online/ Traduction et adaptation : NZ