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Cameroun : Voici les conséquences des recrutements fantaisistes à la Fonction Publique

Publié le 18 mars 2021 par Tonton @supprimez

Dans bien des secteurs de l’administration publique camerounaise, le recrutement des fonctionnaires et agents publics n’obéit pas toujours à des besoins pertinents.

Un tour d’horizon dans la bureaucratie de l’administration publique camerounaise donne à voir, des gens qu’on recrute pour ne rien faire. Certains recrutements s’appuient essentiellement sur le clientélisme politique ou la solidarité tribale. Rien à voir avec le profil. En temps réel, le recrutement normal s’adosse à un profil requis; hélas, il y’a dans l’administration publique camerounaise, des gens sans aucun profil. Résultat des courses; ils n’ont ni bureau, pas d’espace de travail, les personnels se marchent sur les pieds; les « vrais travailleurs » sont découragés et démotivés. Mais il y a un courant qui pense que l’Etat doit recruter pour résoudre la lancinante question du chômage. « On ne doit pas laisser les gens au chômage. Le manque d’infrastructures fait partie des maux qui minent la fonction publique. Ce ne sont pas les recrutements qui font problème. Il y’a assez de places pour tous. On ne saurait parler de recrutement fantaisiste alors qu’on réduit le chômage. Si l’Etat ne recrute pas on critique, l’État recrute, on parle de fantaisie. Le problème est ailleurs », avoue Essomha.

A son opposé, Ebanda André pense différemment. Prenons l’exemple du recrutement des 25 mille jeunes en 2011. Beaucoup ont été recrutés sans qu’il y ait des structures pour les accueillir. « Dans certains services il n’y avait même pas de chaises pour les jeunes recrues; pas de boulot pour eux. Certains de ces jeunes ont été recrutés mais sont sans matricule et donc sans prise en charge 10 ans plus tard. Si ce n’était pas une fantaisiste ou du cynisme politique, on appelle ça quoi ?» lance-t-il. Autre curiosité: outre les recrutements fantaisistes, il y a des nominations tout aussi fantaisistes. Dans certains ministères on retrouve des chefs de la cellule informatique à la base enseignants de physique.

Un chef de la cellule de communication qui présente le profil et la trajectoire d’un enseignant d’éducation physique et sportive ou encore d’un conseiller d’orientation. Les chargés d’études sont importés d’ailleurs, des autres administrations au détriment des cadres que le nouveau ministre a trouvés sur place depuis une dizaine d’années et plus. Sur ce coup, les collaborateurs, une fois encore sont démotivés; ils viennent difficilement au travail. L’arbitraire dans les arbitrages crée un autre problème: celui des inégalités au niveau de la répartition des ressources, des gratifications, des primes et des émoluments. Certaines langues accusent le népotisme. « On ne recrute toujours pas des compétences. Ce n’est pas qu’il n’y’a pas des compétences; mais à côté il y’en a qui arrive sans profil requis, parce que recommandé par un apparatchik, un dinosaure ou un cacique du régime. Dans certains cas ils sont bombardés des titres hors-norme; ils deviennent rapidement des chefs hiérarchiques. Toutes choses qui plombent le travail, multiple les frustrations, rend malsain l’environnement et crée des aigreurs », lance Ahmadou Bouba.

Mauvaise organisation et répartition du travail Les pesanteurs, la décrépitude, la désaffection et la désagrégation de l’administration publique camerounaise sont aussi liées à la mauvaise organisation du travail, l’iniquité dans la répartition des fonctionnaires et les agents publics à des postes de travail. Ce qui relève de la sorcellerie et du paranormal. Dans le monde médical, il y a une forte concentration des fonctionnaires et agents publics (surtout le personnel d’astreinte en majorité des infirmières) dans les institutions sanitaires urbaines. Pourtant dans les dispensaires de cantons et villages, dans les hôpitaux de district, il n’y a pas grand monde. Illustration.

Au Cury à Yaoundé par exemple, chaque cacique,fossile, dinosaure ou dignitaire du système du Renouveau veut y envoyer sa progéniture. On se retrouve avec une grosse quantité de médecins et autres qui se tournent les pouces à longueur de temps dans le désœuvrement et l’ennui; sans aucune contrainte de rendement, ni de présence effective au travail. Cette mauvaise répartition du travail et des postes de travail reste l’une des plaies puantes, un danger qui pourrit l’administration publique camerounaise.


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