Cette semaine, difficile de passer à côté du nouveau disque de Feu! Chatterton. Il faut dire que la semaine est assez pauvre en autres sorties marquantes, comme si l'actualité devait forcément dérouler le tapis rouge à ce groupe de chanson/rock français, consécration validée par un Olympia à l'automne prochain, rempli en quelques jours, malgré la pandémie. Il faut dire aussi que le single annonciateur de l'album, "Un monde nouveau" est un titre fédérateur, calibré pour marquer son époque. "Un monde nouveau, on en rêvait tous...", voilà quelque chose qui peut être partagé par tout le monde, pour différentes raisons. "Palais d'argile" est le troisième album de Feu! Chatterton, comme "OK Computer" fut le troisième de Radiohead. Il n'y a peut-être pas grand chose de commun entre les deux formations qui naviguent dans des eaux dissemblables. Pourtant, le fond est assez proche, il s'agit de notre monde moderne, déshumanisé, où les écrans remplacent les contacts physiques ("moi, je caresse ton visage sur mon écran tactile"), un monde fait de vies virtuelles ("Que savons-nous faire de nos mains ? attraper le bluetooth..."). Si les anglais étaient assez précurseurs en 1997, les français, près de vingt-cinq ans plus tard, semblent plus enfoncer des portes ouvertes, même si cela reste bien écrit et plutôt juste.
Mais à ce "Palais d'argile", car il y a un "mais", c'est que malgré la production soignée de Arnaud Rebotini, donnant un peu plus de corps aux chansons amples du groupe, j'ai du mal à adhérer sur la longueur. Il n'y a pas autant de mélodies accrocheuses que sur les deux premiers albums. Il est déjà loin le temps où je les découvrais en première partie de Connan Mockasin, en février 2014. J'annonçais déjà à l'époque que "Je prends le risque d'annoncer que Feu! Chatterton ne sera pas qu'un simple feu de paille." Avec ou sans moi, Feu! Chatterton est bien devenu une formation importante de la scène hexagonale.