Après avoir vu des extraits de la cérémonie des Césars du vendredi 12 mars 2021, on a envie de respirer un air plus pur. Si on n'a pas eu l'occasion de le voir dans une salle obscure, sur grand écran, le temps est venu de regarder le DVD Richard Jewell de Clint Eastwood.
Oui, je sais, c'est du cinéma américain. Et alors? Il n'y a pas que le cinéma français qui puisse être exceptionnel... Depuis ses débuts, que ce soit comme acteur, réalisateur ou producteur, le Californien ne m'a jamais déçu, parce qu'il incarne l'Amérique libre que j'aime.
Dans le prologue, en 1986, Richard Jewell (Paul Walter Hauser), homme de ménage, sympathise avec l'avocat d'un grand cabinet, Watson Bryant (Sam Rockwell). Au bout de quelques temps, Richard annonce à Watson qu'il s'en va et lui fait cadeau d'un Snickers.
Watson aime les Snickers. C'est en examinant sa poubelle que Richard l'a appris... Ce soir-là, il lui dit qu'il veut entrer dans la sécurité, pour protéger les gens. Watson lui tend un billet en quid pro quo, lui demande de ne surtout pas devenir un connard et lui explique:
Un peu de pouvoir peut faire de quelqu'un un monstre. Ne faites pas cela.
En 1996, Richard assure la police au Piemond College, à Devorest, en Géorgie. Mais les étudiants se plaignent de lui parce qu'il veut les empêcher de boire et de faire du vacarme. Croyant en la loi et l'ordre, il a appliqué à la lettre ce que le président a exigé: il doit partir.
Il devient agent de sécurité et, quand les Jeux Olympiques d'été ont lieu en juillet-août, à Atlanta, il est affecté au Parc du Centenaire (les premiers jeux olympiques modernes ont eu lieu à Athènes en 1896), que les organisateurs ont aménagé pour accueillir des festivités.
Le 27 juillet, Richard Jewell découvre sous une table un sac à dos suspect, au pied de la tour de contrôle des sons et lumières. Un artificier vient, confirme que le sac contient une bombe. Or un inconnu prévient à peu près au même moment qu'une bombe va exploser.
En dépit de l'évacuation opérée grâce au sang-froid de Richard Jewell, la bombe explose, tue une personne, en blesse cent onze autres. Richard est considéré comme un héros, invité sur les plateaux télé. Il ne sait pas que très vite il sera la cent treizième victime de l'attentat.
En mal de sensationnel, une journaliste, Kathy Scruggs (Olivia Wilde), fait de Richard Jewell un poseur de bombe solitaire, en quête de notoriété ou, sinon, de reconnaissance. Elle a sur-interprété ce que lui a laissé entendre Tom Shaw (John Hamm), agent du FBI.
Dès lors la vie de Richard Jewell et de sa mère, Bobi Jewell (Kathy Bates), chez qui il vit, devient un enfer. En effet les autorités emboîtent le pas aux médias qui ont tous pris pour argent comptant les allégations de Kathy Scruggs, applaudie par toute sa rédaction.
Les médias, de même que les autorités, auxquelles Richard est par nature soumis, abusent de leur pouvoir, dès que Watson Bryant, l'avocat que Richard s'est choisi, tourne le dos, et ne respectent pas la Constitution américaine, qui protège les droits et libertés individuelles.
Ce film, en ces temps où les hommes des États portent atteinte sans vergogne aux libertés individuelles, montre qu'il y a un quart de siècle, déjà, les médias, pour faire le buzz, et les forces de l'ordre, pour se faire valoir, ne reculaient pas devant des procédés ignominieux.
Toutes ces viles personnes, quand elles ont affaire à de véritables héros, qui sont droits et n'ont d'autre but que servir, comme les admire Clint Eastwood, n'ont de cesse de les salir, de leur prêter les plus noirs desseins, sans doute parce que ce sont ceux qui les animent...
Richard Jewell sera innocenté et ne fera pas de prison. Mais le mal aura été fait, et, même lorsque le véritable coupable sera pris, il y aura toujours des gens qui seront convaincus qu'il n'est pas innocent. Il mourra à 44 ans, en 2007, à la suite d'une défaillance cardiaque.
Francis Richard
Bande annonce en français: