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La sortie débute dans le Jardin des Arts de Saint-Germain-en-Laye, devant la Villa Eugénie-Désoyer (anciennement bâtiment Henri IV), superbe demeure qui accueille l’Office de Tourisme Intercommunal Saint Germain Boucles de Seine, le café des Arts et, au premier étage, l’apothicairerie avec sa collection exceptionnelle de pots en faïence ornés provenant des deux hôpitaux royaux fondés à Saint-Germain-en-Laye. Juste avant de quitter le Jardin, au moment de franchir la grille, une façade posée sur un mur interpelle. Elle fut édifiée à Vendôme (Loir-et-Cher) et offert à la ville par son propriétaire, un antiquaire, en 1958.
Puis l'on file vers Le Pecq en traversant le Parc Corbière, baptisé ainsi en raison de l’île qui lui fait face. Dans les années 30, l'endroit était fréquenté par les Parisiens venus profiter des plages aménagées sur ses berges (une piscine de 100 m de long - la plus grande d’Europe - fut construite au Pecq en 1934 sur la rive droite de la Seine et fut exploitée jusqu’en 1962).
Il est temps de traverser la Seine et de rejoindre Le Vésinet. La trace nous fait emprunter le Pont Georges-Pompidou dont la forme actuelle date de 1963. Côté rive gauche, sont posées deux sculptures de René Letourneur symbolisant la Seine et l'Oise. Jusqu’au 1er janvier 1968, la Seine et Oise, département créé à l'issue de la révolution française en 1790, encerclait complètement un autre département : la Seine avec Paris et sa proche banlieue. La Seine et Oise disparut en 1968 et fut découpée pour créer les Yvelines mais aussi l'Essonne, les Hauts-de-Seine, le Val d'Oise, le Val de Marne et la Seine-Saint-Denis (la Seine-et-Marne existait déjà).
Bientôt, je reviendrai.
La balade se poursuit en empruntant les petites rues de Croissy et de Chatou pour une jolie découverte de toute une multitude de demeures et d’hôtels particuliers d’une rare diversité architecturale. Nous voilà le long de la Seine avec vue sur l’île des Impressionniste, repère des Monet, Manet, Renoir, Degas et leurs amis impressionnistes à la fin du 19e siècle. Le Musée Fournaise, nous fait revivre toute cette période. Il est situé juste à côté du restaurant de la maison Fournaise, créé par Alphonse Fournaise, fabricant de canots à Chatou, et devenu le lieu d’encanaillement des artistes comme Flaubert ou Maupassant pendant le Second Empire. Mais ses portes sont closes.
Bientôt, je reviendrai.
Chatou, Croissy, Le Pecq, cinq kilomètres à longer la Seine, à slalomer entre les joggeurs et marcheurs venus eux aussi profiter du beau temps. En cette période trouble privée de perspectives, ces moments sont précieux. Sur les playgrounds du Pecq, les fans de basket profitent eux aussi du beau temps. Certains portent des maillots de Kobe Bryant, d’autres de Lebron James, comme l’on arborait autrefois ceux de Michael Jordan ou Magic Johnson. A chacun sa Dream Team.
Passage rive gauche en empruntant à nouveau le pont Georges-Pompidou et direction le Parc de Marly. L’endroit est plein de promesses mais se mérite. Avant de profiter de la quiétude du parc créé à la demande de Louis XIV qui aimait célébrer des fêtes en « petit comité » dans le château qu’il y avait fait bâtir (aujourd’hui détruit), une grosse côte puis un bon faux plat montant piquent un peu les cuissots. Sur le bord de la route, derrière une grille, on devine le château de Monte-Cristo. Fort du succès des Trois Mousquetaires, Alexandre Dumas, alors résidant de Saint-Germain-en-Laye, le fit bâtir sur les coteaux du Port-Marly. La crémaillère eut lieu le 25 juillet 1847. Ses portes sont closes.
Bientôt, je reviendrai.
Bientôt, je reviendrai.
Histoire « d’amuser un peu la partie », le défi est de grimper en vélo tout en haut du parc par la côte du Tapis Vert où était située la cascade appelée "Rivière", en taillant droit dans la pente (31 m de D+ en 270 m soit 12 % de moyenne). Cuisses en feu et souffle court garantis ! Joli prétexte pour se poser et contempler quelques instants le décor avec là-bas, au fond, la Seine qui dessine ses boucles et poursuit sa route.
Plus que deux kilomètres pour rejoindre le point de départ dont une grande partie en montée sur l’avenue du Maréchal de Lattre de Tassigny, compagnon de la Libération, représentant français à la signature de la capitulation allemande à Berlin, le 8 mai 1945 (infinis mercis pour la piste cyclable, équipement récent qui offre une réelle sécurité aux cyclistes). Dans le virage qui mène au cimetière du Pecq, sur la droite, subsiste une trace de l'ascenseur construit en 1900 pour permettre aux Saint-Germanois d'accéder plus facilement au chemin de fer en bord de Seine et, à l’inverse, aux promeneurs parisiens de rejoindre la terrasse du château.
Passage devant la rampe des Grottes et le mur des Lions, derniers vestiges du Château Neuf, créés à la fin du XVIe siècle à la demande de Henri IV. De nombreuses terrasses descendaient alors jusqu'à la Seine (une maquette située à l'accueil du Musée d'Archéologie permet de bien visualiser l'ensemble). La grotte de Neptune, celles des Orgues ou encore celle du Dragon amusaient le Roi Henri IV et sa cour. La grotte du dragon (49 m de long et 10 m de haut) était animée par un dragon furieux qui battait des ailes en lâchant des torrents d’eau pendant que des oiseaux, eux aussi animés par l’eau, battaient des ailes. Dans la Grotte des Orgues, les doigts d’une nymphe étaient animés par la force de l’eau et faisaient sortir différentes mélodies d’un orgue. A la mort d’Henri IV, son successeur Louis XIII s’y divertit à son tour. Louis XIV fut en revanche moins fidèle. A peu près à la moitié de la montée, sur la gauche, se dresse l'église Saint-Wandrille, construite au milieu du 18e siècle en célébration de Saint Wandrille, moine du VIIe siècle, originaire de Verdun.
Dernier effort, nous voilà en haut de la côte, place Royale. Le cheval fut longtemps roi dans ce quartier. Dès la fin du 17e siècle, les casernes de Gramont et du Luxembourg résonnèrent aux bruits des sabots des différentes garnisons de la cavalerie royale installées dans leurs écuries. Construit au début du XIXe siècle, à l’emplacement de l’ancien jeu de Paume, le Manège Royal a hébergé des générations de cavaliers et d’écuyers. Il accueille aujourd’hui un centre de tests-Covid.
Derniers coups de pédale avant de rejoindre le Jardin des Arts avec son Théâtre Alexandre-Dumas (inauguré en 1989 et baptisé ainsi pour rendre hommage à celui qui fut directeur du théâtre de Saint-Germain en 1846). Depuis bien trop longtemps, la scène est vide, au grand désespoir de tous les amoureux du spectacle vivant, de tous les amoureux de cette culture jugée non essentielle. Ses portes sont closes.
Bientôt, je reviendrai.