Voilà un groupe que j'ai découvert avec beaucoup de retard, il y a seulement quelques années. Il faut dire que la musique de Arab Strap est une musique pour adulte, dans tous les sens du terme : par les textes crus, par la musique sombre et pas fun pour un sou. Une musique qui, à la fin des années 90, ne correspondait pas vraiment à mes attentes de jeune homme. On était sans nouvelles discographiques d'eux depuis plus de quinze ans. Mais on sait depuis quelques temps que le duo - Arab Strap, c'est en fait le parolier Aidan Moffat, une des plus brillantes plumes de l'indie rock anglais de ces trente dernières années et son parfait pendant, le multi-instrumentiste Malcolm Middleton - s'était reformé, se produisait à nouveau en concert et composait de nouvelles chansons. Les voici donc réunies ici, dans ce qui ressemble à leur meilleur album, le plus mélodique, le plus immédiat, le plus constant, le plus travaillé. Les écossais semblent avoir atteint une certaine plénitude artistique.
On pense souvent à The National ("Bluebird", "Kebabylon", ...). On se dit qu'avec "Compersion Pt.1" ou "Here Come Comus!", le groupe tient même des presque tubes, des trucs aussi efficaces à la première qu'à la millième écoute. "I don't give a fuck about the past. Our golden days gone by." Voilà comment commence "The Turning of Out Bones", le premier titre de ce nouveau disque, "As Days Get Dark". Comme s'ils avaient déjà tout dit ou plutôt comme si le monde n'en avait plus rien à faire. On a le droit de ne pas être d'accord. Pour la musique bien sûr mais aussi pour la personnalité d'Aidan Moffat, un de ces gars qu'on rêverait d'avoir pour pote, comme lorsqu'il raconte au journal indépendantiste écossais, les 10 choses qui ont changé sa vie.